Communiqué de presse
Simone Veil est devenue une icône française. Symbole de résilience, de courage et de liberté, la jeune Simone Jacob, parviendra à dépasser les traumatismes de la déportation avant d’ouvrir, à force de combats, la voie aux femmes et marquer de son empreinte l’histoire de notre pays.
Nourri d’entretiens avec ses deux fils et plusieurs de ses petits-enfants, et d’un partage exceptionnel des albums photographiques de sa famille, ce documentaire retrace l’incroyable destin d’une survivante dont la vie est comme un miroir, dans lequel il suffirait de lire pour comprendre ce que fût l’histoire de France et des français au 20ème siècle.
Avec la participation de
Jean et Pierre-François Veil: fils de Simone Veil
Deborah et Valentine Veil: filles de Jean Veil
Aurélien Veil: fils de Nicolas Veil
Lucas Veil: fils de Pierre-François Veil
Note d'intention du réalisateur
C’est au début de l’année 2017 que nous avons rencontré Jean et Pierre-François Veil afin de leur présenter notre projet. Ils ont immédiatement accepté de réaliser les entretiens dans l’appartement de leurs parents Simone et Antoine Veil, lieu de toutes les réunions familiales.
Et, alors que nous leur avions demandé de nous montrer quelques photographies familiales quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, en entrant dans l’appartement, l’ensemble des albums photographiques de Simone Veil disposés sur la grande table de la salle à manger, place Vauban. Ce fut comme un émerveillement.
A cet instant, j’ai su que le film s’articulerait bien plus sur ces albums que je ne l’avais imaginé au départ. Et notamment sur un album noir, annoté et légendé de la main de Simone Veil, qui rassemblait l’ensemble de ses photographies d’enfance et de la période de la guerre.
Le tournage, en juin 2017, a été comme un moment suspendu. Une parenthèse emplie d’émotion et chargée d’histoire quand Jean, Pierre François, Lucas et Aurélien Veil nous ont raconté leur mère et grand-mère dans l’atmosphère d’un appartement qui rassemblait tant de leurs souvenirs et en parcourant ensemble, les photographies d’une vie.
Une parenthèse brutalement refermée lorsque quelques jours plus tard, nous apprenions la disparition de Simone Veil.
Dans ces journées de deuil national mais surtout familial, Deborah et Valentine Veil ont accepté de répondre à mes questions afin de témoigner à leur tour sur une grand-mère exceptionnelle dont il me revenait désormais de retracer la vie pour un documentaire hommage à Simone Veil.
Dès les travaux préparatoires sur le film, nous avions l’intuition que raconter Simone Veil c’était d’une certaine manière raconter la France, avec ses drames, ses avancées et ses espoirs.
Survivante des camps de la mort, incarnation du combat des femmes pour l’égalité et la libre disposition de leur corps, européenne fervente, Simone Veil a accompagné le siècle. Son histoire éclaire la nôtre.
Cette histoire nous avons voulu la raconter au plus près de l’intimité d’une femme et de ses combats. S’approcher de la vérité d’une vie en rendant compte, le plus justement qu’il est possible, d’un parcours hors du commun qui vient d’entrer dans notre mémoire collective.
Nous avons fait le choix de n'interviewer que les membres de sa famille, ses fils et ses petits-enfants et donc de privilégier les albums photographiques qui retracent la vie de la famille Jacob jusqu’en 1944 et celle de la famille Veil à compter de 1946.
Parce qu’une vie se construit pierre à pierre, dans les drames comme dans les moments heureux, notre récit suivra le parcours à Nice d’une jeune fille née en 1927, issue d’une famille juive française, laïque et attachée à la République, qui va être broyée par la folie meurtrière des hommes en 1944.
Pour moi, il était essentiel que le film s’attarde sur cette enfance volée et meurtrie afin de tenter de percevoir ce que pouvait signifier vraiment cette phrase entendue régulièrement au sujet de Simone Veil, « survivante des camps de la mort ». Comment comprendre ? Et est-ce possible de vraiment comprendre ? Il fallait en tout état de cause décrire les processus meurtriers et destructeurs qui avaient conduit une adolescente à Auschwitz-Birkenau.
Survivante cachée et silencieuse, malgré elle, après la guerre, Simone Jacob devenue Veil a d’abord forgé son destin de femme indépendante, voulant travailler quand la bonne société préférait que les femmes restent au foyer. De ce combat personnel elle a fait un combat juridique et collectif faisant de l’égalité son objectif. Militante infatigable des droits des femmes, d’abord dans les prisons dans les années 50, puis autour du partage de l’autorité parentale dans les années 60, elle incarnera à jamais la libération des femmes françaises en devenant ministre de la santé et en portant le texte de loi autorisant l’IVG en 1974.
Aussi étonnant que cela puisse paraître pour nous aujourd’hui, ce ne sera qu’après 1974 et après qu’elle soit reconnue par le grand public pour son action au ministère de la santé, que les français découvriront peu à peu l’effroyable destin de sa famille pendant la guerre. D’abord en 1976, lors d’un documentaire qui lui est consacré et surtout en 1979, lorsque 20 millions de téléspectateurs regarderont l’émission « Les dossiers de l’écran » consacrée à l’extermination des juifs. Pour tout le pays, la femme courageuse qui a fait progresser le droit des femmes devient aussi celle qui a survécu à la pire des barbaries du siècle.
Signe des temps et du destin, c’est le lendemain de la diffusion de l’émission qui a bouleversé tout un pays, que sera annoncée la candidature de Simone Veil comme tête de liste UDF aux premières élections du parlement européen au suffrage universel. Après sa victoire électorale, Simone Veil, les larmes aux yeux, sera élue première présidente du nouveau parlement européen incarnant désormais la réunification franco allemande et au delà, l’espoir de tout un continent de tourner le dos définitivement aux années de guerres fratricides qui ont ensanglanté l’Europe.
En quelques années Simone Veil est parvenue à incarner pour tout un pays, la lutte des femmes pour l’égalité, le courage d’une survivante de l’horreur, comme l’espoir européen. Pierre à pierre, c’est une notoriété inaltérable et inaliénable que Simone Veil a ainsi progressivement forgée, accompagnant la France dans ses évolutions les plus profondes : regarder son passé en face, accorder aux citoyennes enfin les mêmes droits qu’aux citoyens et rêver d’un dépassement de la nation grâce à l’aventure européenne.
Ainsi, Simone Jacob, l’enfant juive cachée à Nice pour éviter les rafles, est devenue une certaine image de la femme française, élégante, distante, courageuse, solide comme un roc en apparence. « Notre mère courage » comme l’écrira, presque avec dévotion, Robert Badinter.
Une « mère courage » à qui la patrie reconnaissante accordera une dernière distinction en faisant de Simone Veil un membre de sa prestigieuse Académie française, inscrivant définitivement le personnage dans notre inconscient collectif.
FICHE TECHNIQUE
109 min - un documentaire d' Hugues Nancy -conseiller historique Tal Bruttmann - produit par Nilaya Productions, Patricia Boutinard Rouelle avec la participation de France Télévisions - musique originale Michel Korb - directeur photo Grégoire de Calignon - Année 2018
A noter : première diffusion sur France 3, le 27/06/18 à 20.55
Lien de visionnage disponible sur FTVpreview