Mercredi 21 juillet 2021 à 23.00

L'IMPÉRATRICE MICHIKO, LA FORCE DU ROSEAU

En 1959, la jeune Michiko Shōda épouse le prince héritier Akihito, futur empereur du Japon. Pourtant, jamais cette roturière n’aurait dû connaître pareille destinée. La capitulation du Japon en 1945 et la nouvelle constitution de 1946, prônant la souveraineté du peuple et reléguant l’empereur au rang de symbole de la Nation, en ont décidé autrement. Pendant 60 ans, Michiko va accompagner la transformation de la société nippone en insufflant des valeurs pacifistes et humanistes, incarnant un « nouveau Japon ». 
 
Michiko a été le trait d’union entre le peuple japonais et la Maison impériale, entre un Japon ancestral et une démocratie moderne que le pays a dû adopter, à marche forcée. Malgré les attaques des plus conservateurs, elle a résisté et a occupé le terrain tout en finesse et en symboles. Avec son mari Akihito, ils ont tenté inlassablement d’apaiser les blessures de l’Histoire, ont tendu la main aux plus faibles dans un pays ou le diktat de la performance règne et ont fait preuve d’une humilité inédite. 
 
Ces rencontres, ces moments d’émotion partagée ont fait de Michiko l'une des figures les plus populaires du Japon, notamment parmi les Japonaises qui se sont reconnues dans cette figure de femme forte mais discrète. Cette pionnière a ouvert le champ des possibles, faisant réaliser aux Japonais qu’ils pouvaient dépasser les limites de leurs modèles de vie et agir. 

 

Note d'intention d'Anne-Sophie Chaumier Le Conte, auteure

Comme le veut la tradition au Japon, Michiko a été rayée des listes de l’état civil le jour où elle a épousé le futur empereur. Depuis 1959, elle n’est donc officiellement qu’une pièce décorative au côté d’un « symbole » dénué de tout pouvoir politique. Mais, en réalité, cette femme discrète cache une détermination et une force sans faille. Au service d’un destin exceptionnel.

Parce qu’elle interroge, fascine et dérange à la fois, naît très vite l’envie d’aller au-delà de l’image lisse que l’on nous donne à voir. En assumant nos incompréhensions de femme occidentale face à une femme japonaise qui a décidé de tout sacrifier par amour et par devoir. Une femme qui a aussi fait bouger les lignes, qui a agi. Peu de femmes de son rang ont une telle aura. Entrevoir le reflet de son âme - par ses wakas - ces poèmes japonais qui en disent peu mais en suggèrent beaucoup - nous permettra de mieux saisir la force de sa trajectoire. Tel un roseau qui plie, mais ne rompt pas.

Mettre nos pas dans ceux de l’impératrice Michiko, c’est aussi partir à la rencontre d’un Japon au féminin que l’on ne connaît pas ou peu, un Japon intime. Les femmes nippones voient en elle la cristallisation rassurante de leurs traditions millénaires mais aussi l’incarnation d’une certaine modernité. Un pont entre le présent frénétique et le passé hiératique. Une complexité, socle de leur identité. S’interroger sur la place de la femme, c’est tenter de comprendre ce Japon de l’intérieur, si difficile à percevoir pour nous, occidentaux.
 

 
 
Documentaire — Durée 65 min — Auteure-réalisatrice : Anne-Sophie Chaumier Le Conte — Une coproduction CC&C, NHK et AB Productions — Avec la participation de France 2, Toute l’Histoire et de la RTBF