Climax

Comment est né ce projet ?

Alan Nogues : J'ai toujours été assez investi par rapport à la question environnementale dans mes films, que ce soit avec l'Ile Continent ou Terre de Métal. Climax est une sorte de continuité pour moi, mais aussi l'occasion de sortir du contexte strictement calédonien, en abordant les questions générales de l'urgence climatique qui sont vraiment globales. C'est ma rencontre avec Eddy Banaré, enseignant en littérature comparée à l'Université de Nouvelle-Calédonie, et grand passionné de la sociologie liée à l'urgence climatique qui a produit le déclic !

Eddy Banaré J’ai toujours moi même été très inquiet des questions environnementales, j'ai donc été immédiatement emballé par le projet lorsque Alan m'en a parlé. Mon parcours d'universitaire nous aide en terme de méthodologie de recherche et d'écriture. La littérature existante sur l'urgence écologique est extrêmement vaste et touche à des domaines aussi variés que les sciences naturelles, la sociologie, la philosophie, l'histoire ou encore l'économie. J’essaie aussi d’écrire du point de vue du citoyen inquiet, mais curieux, et surtout, soucieux de donner du grain à moudre en cette époque troublée.

Quels sont les thèmes que vous allez aborder ?

Alan Nogues: Il y a 7 épisodes de épisodes de 26 minutes dans lesquels nous aborderons des problématiques écologiques mondiales en resserrant la focale sur les particularités calédoniennes. Nous aborderons des sujets tels que la transition énergétique, la société de consommation, le plastique ou la montée des eaux. Nous avons misé sur la qualité du propos développé et sur une réalisation moderne, fortement visuelle, parfois un brin subversive et ironique.

Eddy Banaré : L’idée est toujours d’aborder les sujets par un angle mort propre à la Nouvelle- Calédonie. Comment penser la transition écologique dans un pays producteur de nickel, minerai nécessaire aux équipements solaires et éoliens par exemple ? Que représente l’impact carbone d’un pays fortement importateur de marchandises ? Comment gérer les déchets plastiques en espace insulaire ? etc.

Comment la Calédonie se place-t-elle par rapport à la transition écologique ?

Alan Nogues : Nous ne pouvons parler que du point de vue de citoyens inquiets et informés. Le Stenc adopté en 2016 et la loi anti-plastique de 2019 sont des signaux encourageants. De même nous avons pu observer qu’il existe un véritable engagement citoyen pour le climat. Mais la configuration économique et politique de l'archipel n'aident pas beaucoup. Il y a trop de paradoxes qui sont à la fois endémiques et fortement représentatifs de notre société ultra libérale.

Eddy Banaré : CLIMAX formule des critiques des habitudes de consommation en Nouvelle-Calédonie. On ne peut pas importer plus de 90% de nos marchandises sans un impact sur le climat. Nous explorons également les aspects socio-historiques de la question environnementale en dirigeant les regards sur les spécificités de la Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire, en cherchant dans le passé et la diversité culturelle du pays les solutions possibles face à l’urgence écologique.