En Nouvelle-Calédonie, on n’aurait jamais imaginé, il y a encore seulement dix ans, commencer à concevoir l’après-nickel dans le pays. Aujourd’hui, tout change et les signes le montrent : effondrement des cours du précieux métal, quasi-fermeture de l’une des trois usines minières, même Philippe Germain, l’actuel président du gouvernement calédonien, le dit : « On a constaté que dès la fin des investissements des projets miniers, l’économie s’est essoufflée. On ne peut donc pas être dépendant du seul nickel. »
A l’heure où le Caillou est en passe d’obtenir plus d’autonomie que par le passé (en novembre 2018 sera organisé un référendum décisif sur l’indépendance), la Nouvelle-Calédonie doit envisager rapidement les différents choix de développement qui se présentent à elle : comment l’industrie du nickel envisage-t-elle son avenir ? Peut-on vraiment miser sur la production locale et diminuer les importations - importantes - de l’île ? Parier sur le capital exceptionnel de la biodiversité et de ses produits innovants ou seulement sur la richesse de la mer ? Redécouvrir ses richesses sans forcément coller au modèle métropolitain ? Imaginer que la nature puisse pour de vrai être « rentable » ? De Paris à Nouméa, ce sont les questions que cette vaste enquête soulèvera en donnant la parole à ceux qui réfléchissent à cette problématique essentielle et nouvelle de cette période post-nickel.
Auteurs: Nathalie Darricau et Eric Beauducel
Réalisation : Eric Beauducel
Production : Ekla Production et NC la 1ère
Avec le soutien du Fonds de soutien de la Nouvelle-Calédonie et de la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris
Durée : 52 minutes
Diffusion : Mardi 5 mars à 20h00
Note d'intention du réalisateur
« L’après nickel » est un film construit comme une grande enquête, qui partira de la situation complexe du nickel en Nouvelle-Calédonie pour essayer de comprendre les nouveaux enjeux, les solutions déjà mises en place ou simplement envisagées pour construire l’avenir de l’archipel sans dépendre du seul or vert.
Lorsque j’ai réalisé le film « Sur les terres du roi Nick », j’ai pris conscience de la place énorme que l’industrie minière occupait en Nouvelle-Calédonie. Un mariage sur plusieurs générations entre une richesse du sous-sol presque hors norme et une population attachée à son « caillou » viscéralement. Le nickel a façonné le pays, l’a enrichi, lui a donné une dimension que n’ont pas les autres zones de l’outremer. Mais les crises du nickel ont montré que cette équilibre était fragile, qu’à l’heure d’un questionnement fort sur l’autonomie, les Calédoniens devaient aussi regarder vers d’autres horizons. En plongeant ensuite dans « Les secrets de Deva », ces possibilités d’une autre voie, de solutions construites ensemble dans le cadre particulier d’un projet de tourisme exceptionnel m’ont donné envie d’aller plus loin. La Nouvelle-Calédonie a-t-elle déjà en elle les racines d’un avenir sans le nickel ? Quels sont les domaines qui regardent déjà vers cette Calédonie du futur? Agriculture, nouvelles technologies, éco-tourisme ou ressources traditionnelles, ce film part à la recherche de réponses un peu partout sur le territoire.
C’est d’abord le monde du nickel qui ouvrira le film, sa situation mais aussi ses questionnements sur un avenir fragile. C’est ensuite une vaste enquête qui commencera à travers tout l’archipel, articulée autour de grandes parties qui feront progresser notre interrogation vers les réflexions les plus récentes. L’innovation est–elle une des clés ? La nature peut-elle être « rentable » ? Y a-t-il des pistes nouvelles ? C’est donc
d’abord la parole qui guidera nos pas, qui portera la narration, celle de ceux qui sont au coeur de cette démarche, ceux qui quelquefois sans le savoir, sont déjà tournés vers un autre avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ils partageront leur passion, leurs idées, les réflexions qui les ont mené vers des choix ou des constats novateurs.
Le film
Filmé aux quatre coins de l’île, dans des environnements naturels ou technologiques différents, ce documentaire s’attache aussi à comprendre les enjeux économiques et politiques forts étroitement liés aux choix qui sont ou vont être fait hors de l’économie du nickel.
Comme mes précédents films tournés sur le Caillou, « L’après nickel » est mis en image par Fabien Cailleau, mon opérateur habituel. Les intervenants sont chaque fois interrogés sur les lieux de leur activité et lors de l’exercice de cette activité. La force de l’image permet d’en visualiser la grande variété. Tourné en RED HD, chaque séquence aborde un aspect particulier d’un thème plus large. Le montage devient une progression d’une situation actuelle à ce que pourrait devenir la Calédonie, d’un constat à une prospective.