Ce huis clos retrace le calvaire vécu par Daniel Psenny et ses voisins. En voulant porter secours à l'une des victimes du Bataclan, Daniel se retrouve blessé. C'est l'un de ses voisins, Bruno, qui va leur apporter secours et les mettre à l'abri dans son appartement...
Daniel Psenny, journaliste au Monde, a été l'un des témoins de l'attaque du 13 novembre 2015. Voisin du Bataclan, avec son téléphone portable, il a enregistré les images des premiers blessés fuyant le Bataclan par la porte de secours. Il a été témoin, acteur en portant secours, victime... Aujourd'hui, il nous livre son récit.
Pourquoi, cinq ans après, était-il important pour vous de livrer votre témoignage ?
Très rapidement après l'attentat du Bataclan, j'ai raconté dans les médias du monde entier ce que j'avais vécu cette nuit du 13 novembre. Il y avait ma vidéo des gens fuyant la salle sous les coups de feu, les morts, la terreur, le désespoir. Et, il y avait aussi cet immeuble où je vivais à l'époque qui, parallèlement au massacre qui se perpétrait dans la salle, a vécu sa propre histoire avec ses angoisses, ses peurs et la mort qui rôdait. J'avais longuement relaté ce récit l'année suivante dans M, le magazine du Monde. Mustapha Kessous l'a suivi, accompagné, cette fois-ci, par ma voix. Une petite histoire dans la grande histoire. Il ne s'agit pas d'un film sur l'attentat du Bataclan, mais d'un huis clos avec quatre personnes ordinaires confrontées à l'extraordinaire : mes voisins Estelle, Bruno, Véronique et moi-même.
Que pensez-vous du parti pris de Mustapha d’« animer » des séquences du film
C'est une très bonne idée du journaliste-documentariste qu'il est devenu. Son parti pris de montrer en dessin animé – la rotoscopie – les scènes que nous avons rejouées, permet d'identifier immédiatement les faits tels qu'ils se sont déroulés lors de cette nuit tragique et de les séparer de nos commentaires, nos souvenirs personnels. L'animation permet de saisir l'horreur et l'angoisse de cette nuit. Cinq ans après, la mémoire est toujours vive mais la perception n'est parfois pas la même...
Comment avez-vous appréhendé le fait de revenir sur les lieux pour « tourner » et revivre cette nuit de terreur ?
Je n'ai pas eu d'appréhension car je suis resté vivre à ce même endroit après l'attentat. Partir aurait signifié que les terroristes avaient gagné. Mustapha et Mathias Denizo, le caméraman, ont tourné dans une grande sérénité et une grande précision. La page de ce massacre ne sera jamais tournée, mais j'ai fait assez rapidement un travail de résilience. J'ai changé de vie et je parle désormais très peu de cette nuit d'horreur. La seule chose importante est d'honorer la mémoire des 130 morts du Stade de France, des terrasses et du Bataclan, et leurs familles. Vivre, mais ne jamais oublier !
« La page de ce massacre ne sera jamais tournée, mais j'ai fait assez rapidement un travail de résilience. »
Bruno et Estelle
Ils habitaient au 4e étage de l'immeuble.
C'est Bruno qui est venu secourir Daniel et Matthew, l'Américain blessé durant l'attaque du Bataclan, et qui les a mis à l'abri dans son appartement. C'est chez eux qu'ils ont vécu ce huis clos intenable.
Véronique
Elle habitait au 3e étage.
Costumière de métier, elle revenait d'un tournage au Maroc pour une série télévisée qui traitait de géopolitique et d'espionnage industriel dans laquelle il y avait des scènes avec du sang, des gens blessés, des effets spéciaux... Elle a suivi Bruno dans les escaliers pour venir en aide à Daniel, puis elle s'est réfugiée chez Bruno et Estelle.