Dossier de presse 14-18 : une programmation exceptionnelle
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Pendant près de cinq années, Histoires 4-18, il y a cent ans, projet d’accompagnement du centenaire de la Grande Guerre a fédéré sept antennes, de Belfort à Dunkerque, soit l’ensemble du front de cette terrible guerre. Tous les acteurs de France Télévisions qui ont contribué à la réussite de cette collection partagent la même fierté.
Et le résultat est à la hauteur de la mobilisation : exceptionnel !
Un an avant le centième anniversaire de la déclaration de la Première Guerre mondiale, Jean-Pierre Bennechet, directeur du Pôle Nord Est*, lance l’idée d’un journal à 100 ans de distance, témoin du quotidien entre les années 1914 et 1918. « Pour éviter un traitement institutionnel des événements, je voulais porter à l’écran des histoires dont on ne soupçonnait pas l’existence et dont l’impact est encore présent. L’ambition était non seulement de raconter au jour le jour la guerre et les changements de société que cela allait entraîner comme si nous y étions, mais aussi de saisir l’opportunité de parler aux téléspectateurs d’une histoire qui les concerne encore personnellement, avant que tout cela ne bascule dans la grande histoire ». Baptisé Histoires 14/18, il y a 100 ans, le projet s’avère ambitieux et inédit. « Diffuser un programme dans les journaux régionaux sur toute la zone pendant quatre ans était du jamais vu à la télévision ».
Directrice régionale de France 3 Grand Est, Marie-Thérèse Montalto, qui assurait en 2013 la direction de la coordination éditoriale du Pôle Nord Est, fait partie de l’équipe qui a relevé le défi. « Vouloir faire travailler ensemble sept antennes régionales était une gageure. Nous avons inventé un mode de production unique en son genre. La première étape a été de réunir les sept rédacteurs en chef pour désigner sept journalistes référents. »
Définir une ligne éditoriale et une identité visuelle
Directeur régional de France 3 Hauts-de-France, Didier Cagny était alors rédacteur en chef en Picardie. Il a assuré la coordination éditoriale et le suivi de la série jusqu’à ce que Claude Tronel, conseiller de programme à France 3 Hauts-de-France, prenne le relais en 2017. « Le projet consistait à diffuser trois modules courts par semaine, les vendredi-samedi-dimanche, mutualisés entre les sept antennes et fabriqués par les journalistes référents, acteurs fondamentaux de la collection. Nous avons établi ensemble une programmation sur la durée qui mettait en avant le côté chronologique et officiel de l’histoire tout en permettant de raconter des petites histoires dans la grande histoire, des récits à hauteur d’homme. »
Autre cheville ouvrière du projet, Max Vanacker, administrateur de production à France 3 Hauts-de-France, a établi « une base de données sur les cinq ans, un tableau général pour donner une vision à long terme accessible au niveau fabrication, éditorial, traçage des archives. Avec Juliette François, nous avons géré les accords avec Pathé Gaumont et l’ECPAD ainsi que les droits d’utilisation et les commandes d’archives. »
À l’époque responsable de l’atelier vidéographie de France Télévisions à Nancy, Jean-Luc Desmond a garanti une unité de traitement et une cohérence artistique globale à la collection. « Pour uniformiser l’ensemble, j’ai réfléchi à un cadre charté et à une méthode industrielle de fabrication car nous recevions le texte et les images brutes des journalistes. » À la recherche d’un regard extérieur, Jean-Luc Desmond fait alors appel à Guillaume Moreels. L’auteur réalisateur indépendant a contribué à la réalisation de trois pilotes et créé une charte. « Dans ce monde de l’image, l’oeil est habitué au mouvement. Comme le concept part d’une exploration d’un lieu, d’une histoire ou d’un événement, l’ensemble devait être dynamique pour éviter que le téléspectateur décroche. » Chaque épisode est découpé en quatre parties. L’alternance plans serrés-plans larges oblige le journaliste à tourner plusieurs fois la même scène en répétant son texte avec une intonation et une gestuelle à l’identique. Des contraintes qui donnent de la liberté aux monteurs truquistes Arménio Galvao De Almeida et Patrick Cavrois, responsables de la postproduction des épisodes. Tous deux s’accordent à dire que le projet, qui les a occupés à mi-temps, était pour le moins atypique. « Nous travaillons rarement sur une telle durée et avec autant de journalistes. L’autre nouveauté était que nous gérions tout de A à Z, y compris la recherche d’illustrations sur les derniers épisodes. »
Le voyage dans le temps d’une bande de Poilus
Entre 2014 et 2018, les journalistes référents se sont plongés 100 ans en arrière. Amateurs ou férus d’histoire, ils avouent avoir développé leurs connaissances
et redécouvert leur région sous un autre prisme. « Une aventure à la fois chronophage et enrichissante », selon Anne-Laure Marie (Alsace), vertigineuse aussi, pour la bande de poilus, comme ils s’amusent à s’appeler tant ils se sont rapprochés. « Ensemble, nous avons humainement vécu des moments forts, de partage intellectuel, d’entraides, d’échanges d’information, de ressenti et de doute », révèle Florence Mabille (Nord Pas-de-Calais).
Endossant leur costume de passeurs d’histoires, ils se sont énormément investis, prenant sans hésiter sur leur temps personnel, à la fois pour trouver des sujets, des archives et des lieux de tournage, à l’image de Caroline Jouret (Bourgogne) qui a consacré « bon nombre d’heures aux recherches, y compris le week-end, et amassé une quantité d’informations phénoménale par rapport au temps imparti à l’arrivée. C’était une souffrance de devoir résumer en peu de mots. »
Désormais rompu à l’art de la recherche d’images, comme ses confrères, Laurent Parisot (Lorraine) avait fait de cette préoccupation sa priorité et a adoré relever un « défi de folie. Une fois la thématique trouvée, je redoutais de passer à côté d’un sujet intéressant sous prétexte qu’il n’y avait pas d’image. L’avantage du recul est que nous avons eu accès à des histoires oubliées, qui faisaient honte à l’époque ou qui étaient classées secret défense. » Alternant événement-objet/lieu emblématique-portrait comme axes de sujets, les journalistes préparaient simultanément six numéros, dans des délais serrés.
Dominique Patinec (Picardie) évoque « une sacrée école de patience » pour ce qui est de l’exercice du tournage sur le terrain. Il garde aussi en mémoire des souvenirs plus légers. « Pour raconter l’histoire de Lawrence d’Arabie, j’ai lu les 900 pages des Sept Piliers de la sagesse et tourné l’épisode dans les belles dunes du Nord de la côte. Mon caméraman m’a stoppé net au moment où des naturistes apparaissaient dans le champ. »
Mathieu Guillerot (Champagne-Ardenne) a quant à lui été frappé par une histoire confiée par l’historien qui relisait tous ses textes avant tournage. « Jean-François Boulanger m’a fait découvrir des personnages incroyables comme un curé de la pointe des Ardennes qui espionnait les Allemands pour le compte des services secrets britanniques. »
670 récits pédagogiques et didactiques
Comme d’autres, Florence Cicolella (Franche-Comté) se souvient d’avoir fait la connaissance de passionnés qui sont autant de belles rencontres et confie avoir été profondément marquée par l’expérience. « Quel que soit le sujet, jamais je n’ai eu le sentiment d’être blasée, d’avoir tout lu. Jusqu’au dernier épisode, cette guerre, ces récits, ces morts et ces témoignages, m’auront émue, voire bouleversée. »
Anne de Chalendar (Alsace) reconnaît avoir vécu « une sacrée aventure avec la satisfaction de découvrir parfois de petites pépites ». Responsable éditoriale de France 3 Grand Est depuis 2017, elle a retravaillé sur la collection en 2018 pour définir « la ligne éditoriale de trois magazines de 26 minutes qui sont une sélection de petites histoires de façon thématique. Replonger dans ces récits a été un vrai régal. Je me suis rendue compte de la richesse de la collection, du travail de précision qui a été mené, de l’exactitude historique et scientifique ».
Tous les épisodes sont en accès libre sur Internet depuis 2015, date à laquelle l’agence de création digitale Pan ! a réalisé un site web dédié et développé une stratégie réseaux sociaux. « En lien avec les journalistes référents qui apportaient chacun leur propre vision sur le sujet, nous avons opté pour une consultation à trois niveaux : en fonction de la chronologie, de la géolocalisation et des thèmes abordés. » Pan ! a également fédéré sur Facebook et Twitter une communauté de passionnés de la Grande Guerre qui s’autocommente et s’autogère.
Pour Jean-Pierre Bennechet, ému du résultat, « ces 670 récits, soit 15 heures de programme, sont de formidables outils pédagogiques. Au-delà de cela, cette oeuvre à l’honneur du service public est une contribution au patrimoine audiovisuel national ». Pour garantir une pérennité de la collection Histoires 14-18, il y a 100 ans, France Télévisions a engagé un partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale.
*groupement des régions Grand Est, Hauts-de-France et Bourgogne Franche-Comté