Juliana, cheveux rouge et accent broussard, cultive les paradoxes. Amoureuse des animaux depuis toujours, elle recueille dans sa grande propriété de Païta toutes sortes de bêtes dont les propriétaires ne peuvent plus s’occuper ou ont déménagé en Métropole. Difficile de savoir combien elle en a, elle-même ne le sait pas. En tout cas , ils sont nombreux, certains à plumes comme les oies, poules et paons et d'autres à poils dont des chèvres, moutons, ânes et bœufs. Elle ne se contente pas de les nourrir, non. Elle les élève comme ses propres enfants, leur parle beaucoup et aussi étonnant que cela puisse paraître, ils semblent la comprendre.
Difficile de le cacher, Juliana a aussi des chouchous comme Prosper, le petit âne né avec une malformation de naissance au niveau des pattes. Il vit quasiment avec elle, la suit partout et répond aux déclarations de sa propriétaire par un braiment bien placé. Mais “l'amour de sa vie”, celui qu'elle aime par-dessus tout, c'est Gégé, un énorme bœuf d'une tonne qui a perdu sa mère étant bébé et qu'elle a nourri au biberon. Nommé ainsi en hommage à Gérard Pasco le président de la chambre d'agriculture qui lui a offert, Gégé aime les câlins. Alors elle lui en offre à profusion. Placide et docile, le bovidé semble avoir compris son statut privilégié.
La bouchère qui aime les animaux
Juliana est bouchère dans le village de Païta. “ Cela peut paraître paradoxal car beaucoup pensent que ceux qui mangent les animaux ne les aiment pas. Mais Juliana, c'est l'exemple inverse”, explique Christine Della-Maggiora, coréalisatrice de ce 26 minutes avec Dominique Roberjot. La bouchère amoureuse des bêtes assume parfaitement cette contradiction, elle fait simplement la différence entre les animaux dans l'assiette et ceux qui vivent dans sa ferme. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Filmée dans sa boucherie, on la voit, sociable et enjouée, discuter avec un client. “Elle est plutôt discrète sur sa vie, beaucoup ne connaissent que la commerçante du village mais quand on parle davantage avec elle, on s'aperçoit rapidement que c'est un sacré personnage”, sourit la réalisatrice.
Son mari, boucher également, a pris sa retraite pour s'occuper de la ferme. Daniel, moins démonstratif que Juliana, a pourtant développé un attachement incommensurable pour ses pensionnaires. On le voit, discret mais entreprenant, prendre soin de ses bêtes. D'ici deux ans, Juliana souhaiterait le rejoindre pour ouvrir une ferme pédagogique et accueillir les enfants sur sa propriété. Elle aimerait par-dessus tout leur transmettre l'amour pour ses animaux qui vivent heureux et font parfois beaucoup d'enfants.