En prélude au fameux feu d'artifice du 14 juillet, NC 1ère retransmet en léger différé le tout aussi incontournable Concert de Paris. Pour la cinquième édition, les plus grands solistes internationaux se réunissent, sous la direction de la star des chefs d’orchestre, Valery Gergiev, pour célébrer Paris. Parmi eux, le jeune violoncelliste virtuose Gautier Capuçon. Interview.
Vous avez déjà participé en 2015 au Concert de Paris. Quel souvenir en gardez-vous ?
On a beau avoir fait les répet’, lorsque l’on monte sur scène, on n’a aucune idée de ce qu’il va s'y passer… Jouer devant la tour Eiffel – le symbole de Paris – et un Champ-de-Mars envahi par 500 000 spectateurs est une expérience unique et très émouvante. Très intimidante aussi. Nous, dans le classique, nous n’avons pas l’habitude de ce genre de concert spectaculaire. Du coup, on doit, comme sur une scène normale, apprivoiser l’espace. Sauf qu’ici, l’espace est juste un peu plus grand, et il y a un tout petit peu plus de public [Rires]… Lors de ma prestation en 2015, où j’avais joué La Méditation de Thaïs, les spectateurs avaient allumé les lampes-torches de leurs téléphones – comme on le faisait à l’époque avec les briquets. C’était extra, quasi féérique. Face à la foule, cette masse infinie, on se prend une décharge d’énergie en pleine figure. On comprend alors tout ce que peuvent ressentir les grandes stars de variété qui se produisent dans des stades…
En tant que citoyen, que vous inspire ce grand concert de la fraternité ?
Au même titre que le Concert du Nouvel An à Vienne ou le Concert philharmonique de Berlin le 1er mai, le Concert de Paris s’est véritablement implanté sur la scène internationale. L’événement est diffusé dans une vingtaine de pays ! Je me sens donc comme un ambassadeur de la France, de sa culture et de sa diversité. Quels que soient les âges, les religions, la couleur de la peau, la Musique – avec un grand M – est un langage universel au pouvoir fédérateur. À travers les 500 000 spectateurs qui assistent au concert, nous prouvons aussi que la musique classique est accessible à tous. Ici, les gens viennent en short et en baskets ! L’occasion de casser un peu cette image du concert de musique classique où l’on devrait forcément venir habillé en costume trois pièces et où l’on aurait besoin de connaître l’œuvre avant de l’écouter. Absolument pas ! On a juste besoin de se laisser porter…
Votre participation à Prodiges illustre également cette volonté de rendre accessible la musique classique ?
Effectivement. Montrer, à une heure de grande écoute, un gamin qui fait de la musique permet, encore une fois, de parler un langage unique. Et puis, qu’on ait la chance de jouer un instrument ou d’en jouir en tant qu’auditeur, tout le monde, sans le savoir, connaît la musique classique : elle est présente partout dans nos vies, dans les publicités, etc.
Vous allez interpréter le final du Double Concerto de Brahms avec votre frère violoniste, Renaud…
Oui, et c’est une œuvre que l’on a beaucoup jouée ensemble, sans doute une centaine de fois. Mais depuis quelques saisons, Renaud et moi privilégions les moments solo. Dernièrement, nos carrières s’affirment chacune de leur côté. On se retrouve donc assez rarement. Partager cette scène du Champ-de-Mars, et se retrouver autour du Double de Brahms – que l’on n’a pas joué depuis un grand moment –, prend donc, effectivement, une saveur toute particulière.
Vous serez dirigé par Valery Gergiev. Quel chef d’orchestre est-il ?
On se connaît tous les deux depuis une dizaine d’années. Nous avons même enregistré deux disques ensemble. C’est un chef fabuleux, avec une manière de diriger toute particulière. Il respire vraiment la musique et, dans ses instants de grâce où il est habité par la musique, Valery Gergiev est presque en transe. On a face à nous un sorcier qui parvient, avec ses mains, à tirer de l’orchestre un son extraordinaire.
Existe-t-il des contraintes inhérentes à ce genre de concert exceptionnel ?
Oui, jouer en plein air impose, par exemple, de bien penser à fixer sa partition afin qu’elle ne s’envole. En ce qui concerne le son, et vu que l’on n'a pas de retour comme dans une « vraie » salle où il existe une acoustique naturelle, il s’agit de faire une confiance absolue aux ingénieurs de son. Il faut aussi réussir à faire abstraction des micros et des caméras, à rester naturel et ne pas se mettre la pression.
Et puis, jouer un court instant n’est pas un exercice facile. Lors de ce concert, il ne s’agit que d’extraits de 3 ou 4 minutes, 5 pour les plus longs. Lors des concerts, nous avons plutôt l’habitude de jouer minimum entre 20 et 30 minutes, et jusqu’à 1h30 lorsqu’il s’agit d’un récital complet. On rentre sur scène, et c’est parti pour un long voyage tous ensemble… Ici, nous sommes tous dans une espèce d’immédiateté. Et c’est un vrai travail mental que d’être présent tout de suite, de trouver d’emblée l’énergie adéquate, et de la mixer ensuite avec celle du public.
Selon vous, qu’est-ce qui fait qu’un concert est réussi ?
Mon plus grand paradoxe est que je suis quelqu’un d’ultra perfectionniste, alors que je sais pertinemment que la perfection n’existe pas, ni dans l’art, ni ailleurs. En fait, je crois que j’ai envie d’aller aussi loin que possible dans mon art, avec mon violoncelle. Je suis guidée par l’envie de faire toujours mieux. En revanche, je sais qu’il faut parvenir à mettre cette quête de perfection de côté, puisqu’un concert réussi n’est pas une affaire de notes ratées ou réussies. Non, un concert réussi repose d’abord, selon moi, sur la relation avec le public, sur cet échange qui se produit lors d’un concert. C’est comme lorsque vous racontez une histoire à un enfant. C’est ce que vous y mettez dedans qui fait que, finalement, on passera un bon moment tous ensemble.
Propos recueillis pas Céline Boidin-Lounis.
Présenté par Stéphane Bern
Produit par Electron Libre Productions : Yannis Chebbi, Michaël Kazan, Yvan Aubé
Réalisé par François Goetghebeur
Conception lumière Frédéric Dorieux
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Le 14 juillet, au pied de la tour Eiffel, se tient désormais « Le Concert de Paris », considéré dans le monde entier comme l’un des grands événements de la musique classique. Cette soirée est la meilleure illustration du rôle que peut et doit jouer France 2 : partager, avec le plus grand nombre, en France et dans le monde entier, un événement culturel de premier plan qui met les plus grands talents de l’art lyrique et de la musique classique au service d’une fête populaire et citoyenne.
La Mairie de Paris, France Télévisions, Radio France et Electron Libre sont heureux de s’associer pour la cinquième édition du Concert de Paris, organisé sur le Champ-de-Mars, le 14 juillet 2017, avant le feu d’artifice. Ce concert sera diffusé en direct sur France 2 et France Inter, en simultané par l’eurovision de RadioTélévision sur les antennes de plus de 20 pays dans le monde.
L’Orchestre national de France, le Chœur, la Maîtrise de Radio France placés sous la direction de la star des chefs d’orchestre, le russe Valery Gergiev, et les plus grands solistes internationaux célébreront Paris et entonneront une vibrante Marseillaise, dans un intense moment d’union nationale, avant que la tour Eiffel ne s’embrase pour le grandiose feu d’artifice de la Ville de Paris.
Avec
Artistes lyriques : Diana Damrau (soprano), Nadine Sierra (soprano), Anita Rachvelishvili (mezzo-soprano), Bryan Hymel (ténor), Ludovic Tézier (baryton)
Solistes : Renaud Capuçon (violon), Gautier Capuçon (violoncelle)
Stéphane Bern fera découvrir aux téléspectateurs, dès 20h55, les coulisses et les émotions des acteurs principaux de cet événement exceptionnel sur l’antenne de France 2.
Programmation (sous réserve)
Hector Berlioz – La Damnation de Faust : Marche Hongroise / Orchestre seul
Giacomo Puccini – Gianni Schicchi « O mio babbino caro » / Nadine Sierra
Giuseppe Verdi – Rigoletto « La donna è mobile » / Bryan Hymel
Sergueï Prokofiev – Roméo et Juliette « Danse des Chevaliers » / Orchestre seul
Wolfgang Amadeus Mozart – Don Giovanni « Deh vieni alla finestra » / Ludovic Tézier
Wolfgang Amadeus Mozart – Don Giovanni « Fin ch’han dal vino » / Ludovic Tézier
Charles Gounod – Roméo & Juliette : « Je veux vivre » / Diana Damrau
Nikolaï Rimski-Korsakov – La Fiancée du Tsar, extrait Acte 1, scène 3 / Orchestre, Chœur de Radio France
Charles Gounod – Sapho « O ma lyre immortelle » / Anita Rachvelshvili
Johannes Brahms – Double Concerto « Vivace non troppo (troisième mouvement) » / Gautier et Renaud Capuçon
Dmitri Kabalevski / Andrew Cottee – Bonne Nuit / Maîtrise de Radio France
Ruggero Leoncavallo – Pagliacci « Vesti la Giubba » / Bryan Hymel
Dmitri Chostakovitch – Suite Jazz n°2 « Valse n°2 » / Orchestre seul
Léo Delibes – Lakmé « Duo des fleurs » / Nadine Sierra / Anita Rachvelshvili
Richard Strauss – Morgen / Diana Damrau, Renaud Capuçon
Vangelis / Don Rose – Les Chariots de feu / Orchestre seul
Giacomo Puccini – La Bohème « O soave fanciulla » / Nadine Sierra / Bryan Hymel
Modeste Moussorgski / Maurice Ravel – Les Tableaux d’une exposition « La Grande Porte de Kiev » / Orchestre seul
Giuseppe Verdi – Don Carlo « E lui !... desso !... L'infante ! » / Bryan Hymel, Ludovic Tézier, Chœur de Radio France
Georges Bizet – Carmen « Les voici la quadrille ! » / Orchestre, Chœur et Maîtrise de Radio France
Hector Berlioz – La Marseillaise / Tutti
Le Concert de Paris et le feu d'artifice en quelques chiffres
UN DISPOSITIF EXCEPTIONNEL
22 caméras dont 4 HF en divers points stratégiques pour apprécier toute la beauté de la Ville Lumière ;
1 hélicoptère ;
Prises de vues du toit de l’École militaire et du haut de la tour Montparnasse ;
Des centaines de milliers de spectateurs sur le Champ-de-Mars à chaque édition ;
Des dizaines de millions de téléspectateurs à travers le monde (l’édition 2016 a encore battu un record d’audience, pour un concert de musique classique, sur la télévision française, avec plus de 3 millions de téléspectateurs) ;
Retransmis dans plus de 20 pays dans le monde ;
250 musiciens et artistes de chœur ;
450 techniciens et équipes de production ;
17 km de câbles ;
195 postes de tir ;
7 500 effets de 20 à 100 mm de diamètre ;
Une tonne de matière active ;
Plus de 150 projecteurs asservis ;
22 travailleurs sur cordes ;
13 points de tir ;
4 500 bombes de 75 à 200 mm de diamètre, et 4 500 tubes…