UN JOUR UN DESTIN

Un jour, un destin

Muriel Robin, en quête de sens
Magazine - Le mardi 10 janvier 2017 à 21h50 - NC 1ère

Laurent Delahousse consacre un portrait à une comédienne et humoriste populaire et complexe. Muriel Robin : enfin réconciliée avec elle-même ?

En septembre 1990, le nom de Muriel Robin s’affiche en lettres lumineuses sur la façade de l’Olympia à Paris, le temps de quinze représentations. C’est le couronnement d’une collaboration avec Pierre Palmade, de deux années de représentations dans des petites salles de spectacle, puis dans des plus grandes, d’un bouche à oreille grandissant, de passages à la télévision... La famille et les proches de la comédienne ont fait le voyage depuis Saint-Étienne. On pleure de joie, on rit, on s’amuse à reconnaître dans ce personnage de femme énervée, autoritaire et tonitruante qui s’agite sur scène beaucoup des traits de caractère de la propre mère de Muriel Robin. Enfin, « Muriel a réussi »... Mais la principale intéressée le pense-t-elle ? Pas si sûr. Quelques mois plus tard, en avril 1991, c’est la déception à la cérémonie des Molières : on lui préfère Valérie Lemercier. Muriel Robin se dit : « Ils ne veulent pas de moi. »
C’est l’angle retenu par Laurent Delahousse pour ce beau portrait de la comédienne. Muriel Robin, c’est l’histoire d’un vilain petit canard, d’une femme qui peine à trouver sa place. Chez les Robin – les parents, Antoine et Aimée, leurs trois filles, Nydia, Martine, Muriel –, on n’exprime pas ses sentiments, on travaille, on vend des chaussures. Muriel, la petite dernière, se réfugie dans ses rêves : la musique, la comédie, être une nouvelle Liza Minnelli. Scolarité pas terrible. Elle sera vendeuse, décident les parents. Muriel, de haute lutte, obtient de partir tenter sa chance à Paris. On lui accorde un an pour faire ses preuves. En 1977, elle est première au concours d’entrée au Conservatoire national d’art dramatique, où elle passe trois années, mal à l’aise – elle se sent trop provinciale, on la trouve un peu trop boulevard – mais soutenue et admirée par l’un de ses professeurs, et pas des moindres, Michel Bouquet. Et puis ? Rien. Pas d’auditions, pas de rôles pour elle. Celle qui deviendra son agent, Myriam Bru, lui prédit un avenir de comique. Elle qui rêve de grands rôles classiques et de cinéma !
La suite, pourtant, donnera raison à Myriam Bru. Les dix années entre sa sortie du Conservatoire et l’Olympia, ce n’est pas vraiment les vaches maigres, pas non plus l’ascension fulgurante. La troupe des Baladins en Agenais, que dirige Roger Louret à Monclar, en Lot-et-Garonne. Elle y rencontre Didier Bénureau et Élie Semoun, qui deviendront des amis. Le Théâtre de Bouvard, où elle crève le petit écran, devant des millions de téléspectateurs. La rencontre décisive avec Pierre Palmade. Mais toute la question est là : le one-man-show est-il choisi ou subi par Muriel Robin ? La réussite, très bien, mais tôt ou tard elle se sentira prise au piège et à l’étroit dans ce registre comique. Et le passage chez Bouvard pèsera toujours plus lourd dans le regard des autres que le Conservatoire.
C’est ainsi que les années 1990 et 2000 sont paradoxalement des années en dents de scie pour Muriel Robin. Spectacles à succès, premiers pas au cinéma et à la télévision... mais aussi les doutes, la solitude, les dépressions, les prises de poids, l’alcool, les sautes d’humeur... Laurent Delahousse, à la suite de nombre de proches de Muriel Robin, y lit un désir toujours déçu. Celui d’être reconnue pour ce qu’elle est vraiment, d’être aimée, d’être acceptée. Mais c’est une femme pourtant apaisée qui vient, à la fin de ce numéro d’Un jour, un destin, se confier de façon à la fois franche et pudique à Laurent Delahousse. Le chemin a été long. Il mène visiblement à la réconciliation avec soi-même.

Muriel Robin, en quête de sens
Un film inédit de Fanny Guiard-Norel.
En septembre 2013, Muriel Robin revenait sur scène après huit ans d’absence pour raconter son histoire, faire rire le public avec ses tourments et ses blessures. Pour en arriver là, il lui a fallu apprendre à chasser les idées noires et à vivre avec ses rêves contrariés. Car en entrant au Conservatoire d’art dramatique de Paris à l’âge de 22 ans, la jeune femme de Saint-Étienne imaginait une carrière de comédienne au cinéma. La suite en a décidé autrement, les spectacles seule en scène ont fait d’elle une humoriste populaire. Les équipes d’Un jour, un destin ont remonté le fil de cette histoire parsemée d’embûches, de colères, de déceptions mais aussi de rencontres essentielles et lumineuses. À l’issue du documentaire, Muriel Robin a accepté de se confier à Laurent Delahousse au cours d'un long entretien...

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Un jour, un destin 
Documentaire. Proposé et présenté par Laurent Delahousse. Rédaction en chef Erwan L'Éléouet et Fabien Boucheseiche. Produit par Magnéto Presse.