Daniel Auteuil incarne le personnage de Claude, un grand-père accusé de viol par son petit-fils de 10 ans. L’acteur nous en dit plus sur sa participation exceptionnelle dans cette mini-série télévisée.
Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
Daniel Auteuil : Vincent Garenq et moi avions déjà travaillé ensemble sur un film, Au nom de ma fille*. Il m’a contacté pour me proposer le rôle de Claude, que j’ai accepté en toute confiance parce que je savais qu’on ne serait pas dans le sensationnel mais au cœur même de l’histoire. Vincent s’empare d’histoires judiciaires et sociales qu’il traite et réalise avec beaucoup de rigueur.
Connaissiez-vous l’affaire Iacono ? Que pensez-vous de cette histoire hors norme ?
D. A. : Cette affaire, que je ne connaissais pas, est avant tout une tragédie familiale qui est la conséquence du malheur d’un petit garçon. J’ai pensé au cheminement de ces deux personnes, le grand-père et le petit-fils, et de leurs familles. L’un est accusé à tort, sa vie est complètement transformée, anéantie. L’autre a grandi avec ce mensonge, et il lui en a fallu du courage pour dire la vérité. Et, là encore, un autre combat commence : quand on a menti depuis si longtemps, il faut prouver que l’on ne ment pas une deuxième fois. Sur un plan dramaturgique, je comprends que Vincent se soit intéressé à cette histoire.
Comment avez-vous abordé ce personnage ? Laissera-t-il des traces ?
D. A. : Je n’avais pas lu livre de Christian Iacono avant de commencer le tournage : je voulais entrer dans l’histoire sans rien savoir. C’est un peu ma méthode. Je m’oblige à laisser une page blanche et à me laisser surprendre par le scénario parce que je ne veux rien préméditer. Par le passé, j’ai interprété des rôles avec des problématiques similaires, notamment dans le film de Nicole Garcia L’Adversaire, où le personnage principal faisait croire à sa famille des années durant qu’il était médecin. En tant qu’acteur, ce type de rôle est prodigieux à jouer, à incarner, mais cela reste du domaine de la fiction. Pour me préserver, je m’éloigne toujours de la réalité, toujours. Mais tout de même, pendant le tournage de cette mini-série, je ne pouvais m’empêcher de penser à la conséquence de ce mensonge et à tout ce temps perdu.
Cette mini-série marque votre retour à la télévision depuis très longtemps…
D. A. : C’est vrai, je n’avais pas fait de téléfilm depuis 1974. Je choisis mes rôles mais je suis aussi choisi : c’est une vraie démarche. Je vois l’opportunité de grands rôles, d’être à la fois dans une époque et d’incarner un destin. Comme je vous le disais, j’ai accepté ce rôle parce que c’était Vincent Garenq, mais aussi parce que la télévision offre cette possibilité de raconter des histoires qu’on ne peut pas raconter au cinéma en ce moment.
Propos recueillis par Mona Guerre
*Ce film, sorti au cinéma en 2016, est inspiré de l’affaire Dieter Krombach, un fait divers qui s’est déroulé en 1982 et dont l’affaire a duré plus de trente ans.