LE MENSONGE

Edito de la production

Ébranlée par l’ampleur de cette erreur judiciaire qui a défrayé la chronique pendant plus de quinze ans et très touchée par le récit des souvenirs personnels de Christian Iacono, j’ai trouvé dans l’épopée de l’ancien maire de Vence une matière à fiction formidable : son parcours judiciaire, mais aussi son ancrage affectif et les nœuds sentimentaux qui ont pu donner corps à une telle saga.

 La portée universelle de cette tragédie familiale et l’intérêt de l’adapter pour la télévision dans un format sériel apparaissaient d’autant plus que les affaires judiciaires constituent un genre de fiction particulier, appelant un certain nombre de compétences spécifiques tant en termes de production que de mise en scène.

Côté mise en scène, le réalisateur Vincent Garenq était plus que légitime, vu son travail, la sensibilité de son regard et son expérience de ce genre d’histoires, notamment au cinéma*. Et cette histoire, celle de Christian Iacono, l’a bouleversé. Le temps octroyé par le format télévisuel lui semblait convenir parfaitement pour rendre le suspense et toute la stupéfaction du personnage face à l’accusation de son petit-fils puis à la condamnation de la justice. Les particularités locales, son climat notamment, l’intéressaient car elles apportaient par le contraste avec la tragédie familiale une singularité artistique très intéressante. 

Les décors de cette région ensoleillée convoqués par Christian Iacono dans son récit ont donné, en effet, une couleur particulière et marquante aux émotions. De fait, la lumière et la douceur de l’air offrent dans certaines scènes de la série une atmosphère qui accompagne les états d’âme du personnage de manière très particulière et que le travail de l’équipe technique a magnifiée. Comme si son caractère apaisant ne suffisait jamais, ni à alléger la profonde pesanteur des situations, ni à accompagner jusqu’au plus haut les envolées de soulagement qu’il éprouve.

 Si ce jeu des contrastes a beaucoup orienté nos recherches, avec Vincent Garenq, Joachim de Vasselot et François Hitter (de France Télévisions), nous nous sommes essentiellement laissé guider, dans le développement et dans nos choix de casting également, par le sentiment de contribuer à une œuvre de réconciliation. De la première lecture du livre à l’achèvement de cette série, la question qui n’a cessé de nous habiter a été celle de comprendre comment une famille a pu en arriver là. Et ce qu’il se passe quand on n’arrive pas à dire son amour à ceux qu’on aime…

Thalie Images, Julie Lafore et Stéphane Moatti