L'urgentiste
Malaise, problème neurologique, douleur thoracique, arrêt cardiaque, accident de la voie publique, accident domestique… Pour sa troisième saison, la collection documentaire Les petits cailloux produite par Latitude 21 Pacific s’intéresse à la santé, et plus précisément à la médecine d’urgence.
Benjamin Lucas et Christine Della-Maggiora cosignent un film inédit de 26 minutes qui nous plonge dans le quotidien du service des urgences du CHT (Centre hospitalier territorial) Gaston-Bourret et en particulier du Docteur Dominique Bonte.
Médecin praticien hospitalier depuis 1996, l’urgentiste partage son temps entre le Centre de réception des appels d’urgences (la régulation), ses interventions sur le terrain avec le Smur, « l’hôpital que l’on amène au domicile chez les patients », précise-t-il, et ses journées au service des urgences. « L’idée était de raconter le quotidien de nos urgences », explique le réalisateur Benjamin Lucas qui a tourné en avril dernier, de Nouméa à Koné.
Les conséquences de l’alcool et les accidents de la route rythment les interventions des urgentistes. « Pour autant, le Dr Bonte se refuse à baisser les bras et entend rester positif », constate Benjamin Lucas. L’urgentiste, profitant de sa casquette, s’efforce d’ailleurs de faire passer quelques messages aux jeunes victimes de coma éthylique et notamment sur les conséquences de leur consommation.
Un métier en souffrance
Mais au-delà d’un métier qui sauve des vies, le documentaire met également en exergue un métier en souffrance. « La population appelle le 15 souvent pour tout et rien, et souvent pour des bobos sans gravité », remarque le réalisateur. Alors même que ce numéro est dédié aux urgences et doit le rester.
« Normalement, notre rôle c’est d’assurer la médecine d’urgence hospitalière, celle qui nécessite une hospitalisation et une prise en charge d’urgence, rappelle le Dr Bonte. Or, la nuit, quand les gens ne peuvent pas se déplacer, ils débarquent aux urgences pour de la médecine générale alors que ce n’est pas notre rôle initial.
Il y a une dérive totale de ce service qui est un peu délétère pour les véritables urgences », constate-t-il.
Autre problématique soulevée par le film, le manque d’effectifs et de spécialistes sur le territoire qui impacte directement le service des Urgences qui doit gérer toutes les formes plus ou moins graves des maladies et traumatismes, « alors même que ce n’est pas son rôle. »
Une géographie escarpée, de nombreux villages isolés, des dispensaires pas ou peu pourvus en médecins et souvent fermés à partir de 18 heures, des moyens aériens réduits à partir de 16 heures… C’est au Centre 15 de prendre le relais. « C’est une mesure de facilité pour tout le monde, note l’urgentiste. C’est toute la dérive du système qui fait qu’à un moment les postes médicaux sont désertifiés parce qu’il y a un problème d’organisation et peut être aussi d’attractivité. Il faudrait savoir ce qu’on veut. »
Ce documentaire ne pourra laisser le téléspectateur indifférent dans le contexte sanitaire actuel très compliqué.
Production : Latitude 21 Pacific
Réalisation : Benjamin Lucas
Co-écriture : Benjamin Lucas & Christine Della-Maggiora
Durée : 26 minutes
Diffusion : le dimanche à 18h50