La rencontre des deux mondes
Ce documentaire d'Itinéraires, diffusé mardi 9 août à 20 heures, décrit la rencontre de deux médecines. L'une qui soigne avec les plantes et les forces ancestrales, l'autre qui a recours au stéthoscope et à la chimie.
La médecine moderne a largement pris le pas sur l’approche traditionnelle. Pourtant, les kanak ont plutôt tendance à consulter le médecin pour les maladies "nouvelles", apparues à l'époque de la colonisation via l'importation d'agents pathogènes. Il est admis que le médecin occidental et son panel de médicaments, soignent efficacement la lèpre, la tuberculose ou les infections sexuellement transmissibles. Cette médecine opérationnelle est aussi plébiscitée pour les urgences vitales. Son efficacité est d'autant plus forte que la Nouvelle-Calédonie possède toutes les infrastructures adaptées à réagir rapidement en cas de crises cardiaques, d'AVC ou même d'accidents de la route.
Parallèlement au développement de la science et la médecine occidentale des maladies qui n'existaient pas avant la colonisation ont émergées. On les appelle "les maladies du docteur blanc". Ces pathologies de plus en plus fréquentes sont l’hypertension, le diabète ou le cancer. Ce sont des pathologies particulièrement sournoises car, dans la plupart des cas, elles se développent silencieusement. Une fois diagnostiquées, les médecins ne parviennent pas toujours à les soigner, les traitements sont contraignants ou fatigants et les patients kanak sont plus réticents à les respecter. Or, les médecins le savent : sans l'adhésion du patient, la guérison est plus difficile.
Réticences aux traitements
Cette résistance se manifeste par des retards à consulter alors que les premiers symptômes sont apparus depuis plusieurs mois, la difficulté à prendre les traitements médicamenteux. Et lorsque la chimie est jugée peu efficace, on a souvent recours aux guérisseurs. Une pratique fréquente qui ne pose pas de problème en soi, si ce n'est qu'elle retarde bien souvent la prise en charge.
Sans porter de jugement sur les pratiques, le film explore le quotidien d’un dispensaire de brousse confronté à la cohabitation de ces deux mondes.
On observe d'un côté, les médecins, la plupart du temps d’origine métropolitaine, qui découvrent sur le tas les us et coutumes de la médecine traditionnelles. De l'autre, les patients kanak confrontés à des discours et des pratiques parfois contradictoires qui peinent à faire leur choix.
À l'heure ou la tendance est de valoriser la médecine traditionnelle, il est intéressant d’éclairer ce pluralisme médical et de s'interroger sur cette cohabitation entre la médecine traditionnelle et occidentale. Des initiatives en cours tendent à valoriser la médecine traditionnelle à l'image de ce projet de recherche, soutenue par la province des îles, visant à inscrire la pharmacopée traditionnelle dans les registres français et européens.