Depuis 20 ans, le collectif Nyian, premier collectif de danse contemporaine kanak en Nouvelle-Calédonie, permet à de jeunes danseurs calédoniens, pour la plupart d’origine kanak ou métis kanak et issus des quartiers populaires, de s’exprimer à travers le mouvement et les mots. Itinéraires part sur les traces de cette grande famille.
Tout part d’une découverte. Celle que Maï Le Flochmoën, productrice et réalisatrice audiovisuelle calédonienne fait il y a quelques années. « En fin d'année dernière, je découvre que le Collectif Nyian a déjà 20 ans et qu'ils envisagent de créer un festival de danse pour célébrer cet anniversaire », raconte-t-elle. Vient ensuite la rencontre avec Richard Digoue, danseur et chorégraphe kanak, fondateur du collectif. « Je luis parle de mon projet de film. Mais, tout humble qu'il est, il me répond qu'il ne veut pas que l'on fasse un documentaire sur lui mais que l'on parle de ses danseurs, car selon lui, ils sont l'essence même de Nyian et c'est leur parole qui compte. Lui, n'est qu'un facilitateur, celui qui leur donne les moyens de s'exprimer librement. »
Un film en forme d’hommage
SUR LES PAS DE NYIAN propose une immersion au cœur du processus de création de SOUS PERF’, dernière œuvre chorégraphique du collectif créée à l’occasion de ses 20 ans d’existence et qui traite de la transmission. Un voyage dans toute la Nouvelle-Calédonie, Nord, Sud, Iles, pour comprendre l’esprit de ce collectif qui se nourrit de la jeunesse du pays et porte sa parole à travers le souffle de la danse. Maï capte autant la spontanéité de l'instant créatif, le geste et l'écriture chorégraphique que les réflexions de cette jeunesse qui a choisi cet art pour s'exprimer et s'émanciper. Elle propose également de comprendre ce lien fort qui unit Richard Digoue à ses danseurs, un lien fondé sur le respect de l’autre et la bienveillance, qui fait que même 20 ans après, la plupart des danseurs se sentent encore profondément appartenir à cette grande Famille Nyian. Ce film est en quelque sorte un hommage à ce collectif hors norme, impressionnant dans sa capacité de création et de renouvellement, ainsi qu’à la carrière de son fondateur, Richard Digoue, dont la bienveillance a permis à de nombreux talents calédoniens de s’ouvrir au monde et trouver un moyen d’expression artistique qui leur est propre. C’est aussi un hommage à tous les habitants de Nouvelle-Calédonie qui peuvent être fiers de leur jeunesse.
Au plus près des danseurs
« Pour raconter cette histoire, en image, en couleur et en mouvement, je souhaitais à la fois capter le réel, le moment présent et la création, mais également intégrer des séquences oniriques, aux allures irréelles, poétiques, mystiques, et faites de performances artistiques, précise-t-elle. Je souhaite également m'approcher au plus près des danseurs, suivre leur mouvement, le décomposer, le décrire, accompagner le geste et leurs pas. Ces moments ont été tournés en mouvement, avec des plans serrés et une faible profondeur de champ. Je souhaite capter l'effort, la fatigue, l'état de ces corps qui se tordent pour rechercher en eux le mouvement parfait. J’ai tenté de saisir cette écriture particulière et sensible, tendre et déchirante, où le travail chorégraphique demande une grande maîtrise pour devenir un langage gestuel universel.