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Mes bleus d'enfant

Mardi 6 septembre 2022 à 20h00
TELEVISION

Pour son premier documentaire, Jérôme Roumagne n’a pas choisi la facilité. Il s’est en effet plongé au cœur des violences intrafamiliales et la maltraitance des enfants en Nouvelle-Calédonie. Un film bouleversant à découvrir sur NC La 1ere le mardi 6 septembre à 20h00.

La Nouvelle-Calédonie détient le taux record de violences intrafamiliales à l'échelle nationale. 
Les professionnels du secteur de la protection de l'enfance tenteront de nous expliquer pourquoi les chiffres sont si alarmant. 
Et les témoignages d'enfants maltraités du pays nous montrerons les failles du système calédonien. 
 

Jérôme Roumagne, réalisateur : 

Mes bleus d'enfant

Quand avez-vous eu l’idée de ce documentaire ? 
Jérôme Roumagne : En fait, au tout début, j’ai commencé à écrire un long-métrage de fiction au moment du confinement après avoir vu les chiffres des violences intrafamiliales et de maltraitance des enfants en France. Je me suis dit que la situation devait être particulièrement compliquée pour les enfants en cette période, sans école, constamment avec les parents, etc. 
Colette Alonso, la productrice, m’a proposé de faire, dans un premier temps, un documentaire sur le sujet, ajoutant que les reportages terrain me permettraient ensuite de nourrir l’écriture de mon film. J’ai trouvé l’idée très intéressante et il est vrai qu’il est plus facile de monter un documentaire en Nouvelle-Calédonie qu’un long-métrage.

Par quoi avez-vous commencé ? 
J. R. : Déjà, nous avons souhaité comprendre le fonctionnement de la protection de l’enfance en Nouvelle-Calédonie. Il a été important pour nous d’aller dans les trois provinces en amont du tournage. Un travail d’investigation indispensable pour savoir quoi et comment tourner. Le format documentaire nous permet de relater des faits, d’aller au plus près de l’humain, d’être confronté au réel, ce que ne permet pas forcément la fiction. À ce titre, le tournage a été très riche. 

Votre documentaire met en scène des comédiens qui témoignent de faits véridiques… 
J. R. : Objectivement, nous nous sommes vite rendu compte que faire parler des enfants devant une caméra allait être compliqué. Déjà, dans un premier temps, nous sommes restés plusieurs jours dans la Maison de l’enfance. Nous avons eu besoin de gagner leur confiance. Nous avons passé du temps avec eux, joué au foot, etc. L’échange ensuite a pu se faire plus facilement. Pour autant, il était difficile de passer ces enfants devant la caméra sans les mettre en danger. Nous avons donc fait le choix de faire rejouer ces témoignages par des comédiens. Chaque témoignage est véridique pour permettre aux spectateurs de s’immerger totalement dans ce qui est dit. Et pour ne pas être pollué par autre chose, chaque témoignage est filmé en gros plan sur un fond noir.

Comment ont réagi ces jeunes comédiens par rapport à leur texte pour le moins bouleversant ? 
J. R. : Pour choisir nos comédiens, nous avons dû faire un casting parmi une vingtaine d’enfants plus ou moins grands. Ensuite, il y a eu plusieurs séances de coaching avec eux et leurs parents. Il était important de les accompagner par rapport à la thématique abordée dans ce documentaire. On retrouve notamment une jeune fille qui témoigne de violences sexuelles vécues. C’est prenant et même pour un comédien, cela peut résonner pour lui. 
Ce travail d’explication et de coaching était indispensable pour que, le jour du tournage, nous ne soyons pas totalement happés par l’émotion que procurent les témoignages. Même si, honnêtement, nous avons pu être débordés parfois par cette émotion… 

Que souhaitez-vous à travers ce documentaire ? 
J. R. : Sensibiliser la population calédonienne sur les violences intrafamiliales. Les chiffres sont très alarmants. Il faut remobiliser les politiques sur cette problématique pour qu’ils en fassent une priorité absolue, car il s’agit quand même de nos jeunes et donc de la Nouvelle-Calédonie de demain.

Réalisateur : Jérôme Roumagne

Production : AV COM

Durée : 70 minutes