Itinéraires

Marcus Vibrations

Mardi 13 septembre 2022 à 20h00
TELEVISION

« Marcus a montré la route »

« Musique revendicatrice et contestataire, le reggae est une musique de libération. » Pour son 3e documentaire, « Marcus Vibrations », la réalisatrice Émilie Baptiste nous emmène à la rencontre du jeune rastafari Marcus Gad. De la tribu de Pombeï à la scène mythique du New Morning à Paris, un voyage spirituel et musical pour espérer l’avenir autrement.

Marcus Gad est un artiste calédonien qui partage sa vie entre son archipel natal, la Nouvelle-Calédonie, et la métropole. Compositeur, musicien et interprète, sa musique le raconte. « Quand j’ai commencé le reggae, j’ai ressenti de très profondes émotions que les mots ne peuvent pas décrire. La musique est justement là pour témoigner de ces émotions, raconte-t-il dans le documentaire “Marcus Vibrations”. Dès le début, le reggae a été un appel spirituel. Je ne savais pas jusqu’où ça allait m’emmener, mais je savais que c’était un chemin positif. » Et pour cause ! À seulement 32 ans, Marcus Gad a déjà réalisé trois albums et deux EP. « Avec la musique, nous avons réussi à nous trouver, à nous rencontrer, à nous connaître, à nous apprécier, et à nous aimer..., dévoile le rastafari quand il raconte sa collaboration et son amitié avec Jean-Yves Pawoap, leader du groupe A7JK et chef de la tribu de Pombeï. Maintenant, on n’a plus envie d’être séparé. Pourtant ce n’était pas gagné. On a grandi dans un pays souvent divisé. »

Universalité des compositions

L’artiste calédonien qui ne fait que commencer son incroyable aventure musicale est promis à une grande carrière internationale. Ainsi, Marcus vient de réaliser une grande tournée européenne où il a joué dans les festivals très prestigieux. Il collabore, depuis plusieurs années, avec des musiciens renommés et les plus grands labels de musique reggae du monde. Grâce à l’universalité de ses compositions, il touche une vaste communauté d’auditeurs. Il n’hésite pas à surprendre et sortir des sentiers « reggae » où on l’attend, notamment lors de son dernier album Brave new world, titre faisant référence au roman d’Aldous Huxley qui dépeint les dangers d’une idéologie.

Enjeux de société

Avec « Marcus Vibration », Émilie Baptiste signe un documentaire original mêlant musique et engagement spirituel et environnemental. « Je ne voulais pas seulement raconter le parcours de cet artiste voyageur, mais plutôt offrir un parallèle avec les grands enjeux de notre société », explique-t-elle.
C’est en effet un mouvement mondial qui se diffuse irrémédiablement : le besoin impérieux de modifier nos habitudes de consommation, de proposer un autre modèle économique, de tisser des relations différentes, de vivre autrement pour sauver la planète, d’apporter de la spiritualité à notre quotidien. En Nouvelle-Calédonie, cette vision de l’existence basée sur le partage, la solidarité et l’amour du vivant prend de l’ampleur.
Face à ces défis environnementaux, certains, comme Marcus Gad, ont choisi d’arpenter une autre route que l’immédiateté et la surconsommation à outrance.
« Le musicien a aussi fait un travail d’ouverture et d’assimilation, reprend la réalisatrice. Il s’est nourri des valeurs traditionnelles kanak. Il a créé des passerelles entre différentes cultures. Il a choisi d’adhérer à certaines de ces valeurs. Il a ensuite élargi cette vision en souhaitant l’ouvrir à l’universel. »
 

Le mot de la réalisatrice : Emilie Baptiste
Ce qui m’a d’abord donné envie de faire un film sur Marcus Gad, c’est d’abord sa musique que j’affectionne énormément mais également la profondeur des paroles de ses chansons. 
L’originalité de ce film est, en effet, de mêler musique, engagement spirituel et environnemental. Je ne voulais pas seulement raconter le parcours de cet artiste voyageur mais plutôt offrir un parallèle avec les grands enjeux de notre société. 
Nous sommes face à des défis environnementaux très importants et certains, comme cet artiste calédonien, ont choisi d’arpenter une autre route que l’immédiateté et la surconsommation à outrance.
Marcus Gad a aussi fait un travail d’ouverture et d’assimilation. Il s’est nourri des valeurs traditionnelles kanak. Il a créé des passerelles entre différentes cultures. Il a choisi d’adhérer à certaines de ces valeurs. Il a ensuite élargi cette vision en souhaitant l’ouvrir à l’universel.
L'artiste est un grand voyageur. Ses pérégrinations ont encore un peu plus nourri son rapport au monde. Sa vision ne s’arrête pas au lagon calédonien, il considère que nous sommes tous liés. Pour moi, cette démarche est très actuelle, portée par la préservation de notre planète.
Comme le sens de la communauté, un précepte qu’il partage avec le monde kanak. Cette importance du collectif est intéressante dans un monde où l’on perçoit les limites de l’individualisme.