ALORS ON DANSE

Alors on danse

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Mardi 21 mars à 20h00 - Sur NC 1ère

Filmer des personnes atteintes d'un handicap qui s'expriment grâce au 'ori tahiti et à la danse contemporaine, c'est le défi qu'a relevé le réalisateur polynésien Jacques Navarro-Rovira. Rendez-vous sur France Ô le lundi 20 mars à 14h40 (heure locale) et sur NC 1ère le mardi 21 mars à 21h00.

Deux danseuses venues de métropole, Cathie Léveillé-Porché et Marine Zegrar viennent à Tahiti pour y donner une "Mastersterclassdurant trois semaines. Elles formeront à l'handidanse deux danseurs locaux, Marion Fayne et Tuari’i Tracqui.

Ensemble, ils proposent à quatre jeunes adultes handicapés moteurs (Bernadette, Apetahi, Hanivai et Heimanarii) de préparer un spectacle qui marie handicap, danse moderne, et ‘ori tahiti. Un documentaire chargé d’énergie, de poésie et d’émotion.

"Ce n'est pas parce qu'on a un corps cassé, qu'on ne peut pas être dans le beau", confie à la caméra de Jacques Navarro-Rovira, la chorégraphe et professeure de handidanse Cathie Léveillé-Porché.
Elle accompagne dans la pratique de son art des hommes et des femmes que leur mobilité réduite ne prive ni du goût ni du sens du mouvement.
Installé à Papeete depuis une vingtaine d’années, le réalisateur la connaît de l’époque où il vivait en métropole. Admiratif de son travail, il désirait depuis longtemps lui consacrer un documentaire.

Prix du public lors du 14e Festival international du film océanien (Fifo)Alors on danse accompagne cette belle rencontre et donne la mesure du plaisir pris par ces garçons et filles à explorer les possibilités expressives de leur corps en partie entravé.

ALORS ON DANSE

Documentaire 

Réalisateur Jacques Navarro-Rovira   

Productions Beau Geste et Oceania Film 

2016

Durée 52 min

Un autre regard sur le handicap

 

Comment est né ce projet ?
Cathie Lévéillé Porché est une amie de longue date en métropole. Je suis depuis longtemps son travail avec les personnes handicapées, j'ai assisté à nombre de ses cours et spectacles chorégraphiques. Je voulais depuis longtemps faire un documentaire sur son travail, mais cela m'aurait obligé à passer de longs et nombreux mois en France, ce qui m'était impossible. J'ai alors eu l'idée de la faire venir à Tahiti avec son assistante Marine Zegrar pour faire une "Masterclass" avec deux danseurs locaux (Marion Fayne et Tuari'i Tracqui), pour qu'à leur tour ils donnent des cours de handidanse et créent un spectacle chorégraphique avec de jeunes handicapés. L'interêt était aussi d'introduire la danse polynésienne au côté de la danse contemporaine, qui seule d'habitude est utilisée dans la handidanse, car plus accessible, moins formelle, plus "libre" pour des personnes handicapées.

Combien de temps le tournage a-t-il duré ?
Le tournage s'est étalé sur une période de 6 mois, l'ensemble de la production du film sur 2 ans.

Y-a-t-il eu une appréhension pour les acteurs du film face à la caméra ?
J'avais demandé au préalable à mon équipe technique (cameramen et ingénieur du son) d'être la plus discrète possible en utilisant notamment des longues focales pour l'image et des micro HF pour le son chaque fois que c'était possible. D'autre part l'équipe technique s'est très vite intégrée à l'ensemble des protagonistes du film, danseurs handicapés, danseurs valides, professeurs, psychomotriciennes, etc... Ainsi très rapidement les techniciens sont devenus des "amis" de tous et passés 2 ou 3 jours l'appréhension avait disparue, aussi parce qu'ils avaient compris le message que ce film voulait délivrer, à savoir changer le regard des gens sur le handicap.

Savez-vous si les danseurs formés ont continué à travailler avec les personnes en situation de handicap ?
Un financement participatif nous a permis de terminer le film (Seul le SCAN (le fond de soutien à l'audiovisuel local) nous a soutenu, ainsi que divers partenaires institutionnels, le CNC ne nous ayant pas suivi sur ce projet documentaire). Ce crowdfunding nous a également permis de missionner une personne pour rechercher des financements afin de pérenniser la handidanse à Tahiti en payant les professeurs et leurs assistants, la salle de répétition, ainsi que les dépenses liées à la création d'un spectacle chorégraphique annuel et les 1ers résultats sont encourageants... Les jeunes danseurs handicapés sont dans l'attente de cette pérennisation et sont prêts, pour la plupart, à continuer l'aventure avec d'autres jeunes handicapés, car leur propre regard sur leur handicap a changé, ils semblent aujourd'hui avoir le sentiment, selon l'expression de l'une d'entre eux, d'être "handicapable"... Tout comme la plupart des danseuses et danseurs valides ayant participé au film répondront présent si la handidanse s'installe à Tahiti. Comme dit la chanson: "Il suffira d'un signe...". Comme vous pouvez le constater, "Alors On Danse" est un peu plus qu'un film, c'est une cause...

Qu’avez-vous appris en réalisant ce film ?
J'ai découvert, outre le fait que la danse peut être une thérapie plus "fun" que la Kiné (qui reste bien sûr indispensable), que ces personnes à Tahiti ont pu enfin avoir accès à un moyen d'expression supplémentaire grâce notamment au 'Ori Tahiti (la danse polynésienne) qui tient une place fondamentale dans la puissante culture polynésienne. J'ai découvert des gens d'une humilité et d'un courage confondants, avec une envie irrésistible de faire... Pour toute l'équipe du film, coproducteurs, techniciens, danseuses et danseurs valides, il y a désormais un avant et un après ce film. Les personnes handicapées nous ont sans doute donné plus que ce que nous avons fait pour eux.

Que sont devenus les 4 danseurs en situation de handicap du film ?
Ces 4 danseurs handicapés font partie de la FRAT (la Fraternité Chrétienne des Handicapés), une association qui dispose de 3 centres qui reçoivent en journée, pour la plupart, de jeunes personnes handicapées. Suite à ce film, un groupe de danse a été créé qui organise régulièrement des spectacles de danses polynésiennes au sein de la FRAT. Et comme je l'ai mentionné plus haut, ils répondront présent si nous arrivons à créer cette école de handidanse.

Jacques Navarro-Rovira