NC 1ère propose une sélection des 9 meilleurs courts-métrages présentés 18e festival du Cinéma de La Foa. Trois heures de fiction sous le signe de la nouvelle vague : Benjamin De Los Santos, Lola Nicolettos ou encore Guilhem Chamboredon. Deux réalisateurs primés passent devant la caméra de Virginie Soula ainsi que le comédien Jean-David Waheo, prix d’interprétation les Nouvelles-Calédoniennes.
Tous coupables
Durée : 34 min
Réalisation : Ludovic Hutier
Production : La Perruque/Ludovic Hutier
Avec : Victor Hutier, Thibault Léoni, Pablo le Magoarou, Stéphane Piochaud, André Luserga…
Synopsis : une mère et ses deux fils. La vie en brousse, rude mais paisible. Jusqu’à ce que tout bascule et que le traumatisme les déchire.
Neuf grains
Durée : 9 min
Réalisation : Benjamin De Los Santos
Production : ZM Corp
Avec : Sébastien Helfer, Jean-David Waheo
Synopsis : Charles Cross, un propriétaire terrien caldoche assoiffé de pouvoir est accompagné de son meilleur ami, Paco, un mélanésien qui a quitté sa tribu et ses obligations coutumières pour travailler avec Charles. Ces deux hommes s’aiment comme des frères mais leurs cultures et leurs égos vont s’entrechoquer.
Une maison
Durée : 23 min
Réalisation : Guilhem Chamboredon
Avec : Jean-François Houssais et Anne Moreau
Synopsis : Un professeur d’une cinquantaine d’années passe tous les matins devant une vieille maison coloniale pour se rendre au lycée. Un jour, il décide de rencontrer la propriétaire, une vieille dame extravagante dans le but d’acheter la maison.
Je ne pleurerai plus
Durée : 11 min
Réalisation : Olivier Gresse
Production : DUOL Productions
Avec : Damien Durieux, Julie Capronnier…
Synopsis : Thomas, 8 ans, décide, suite à un choc émotionnel de ne plus jamais pleurer. En grandissant, malgré les épreuves heureuses ou malheureuses, aucune larme ne coule jamais plus de ses yeux. Jusqu’au jour où il tombe amoureux. Pour conquérir Chloé, l’élue de son cœur, il devra verser sa petite larme.
La liste de mes amis
Durée : 13 min
Réalisation : Lola Nicolettos
Avec : Charles Coll, Gwénaëlle Charles, Elodie Grain, Solène Désurmont, Pablo Lito.
Synopsis : Sylvaine a 17 ans. Tous ses amis sont auprès d’elle pour la soutenir dans l’attente de ses résultats d’admission à une grande classe préparatoire. La nuit va être longue…
Epiphytes
Durée : 17 min
Réalisation : Linda Terii
Production : Satu Von hellens
Synopsis : Le lycée, l’âge délicat où l’on se cherche à travers ses premières amours. C’est le cas de Pierrick, jeune chanteur et auteur Rock n’Roll qui ne sait sur quel pied danser. Après des débuts chaotiques à travers ses conquêtes féminines, il se découvre homosexuel. Dans l’introspectionde ses textes et avec l’aide d’une femme transsexuelle affirmée, il apprendre à écrire son histoire et enfin à s’affirmer face à son père autoritaire et homophobe qui l’empêche de vivre….
No hell
Durée : 15 min
Réalisation : Christophe Maunier
Avec : Shade Pham
Synopsis : Dans un futur dystopique, une femme parcourt des terres désolées à la recherche de vivre et d’essence.
Les prémices des tabous brisés
Réalisation : Henri Qenenoj
Durée : 18 min
Synopsis : Année 1907, Prospère, jeune homme noir originaire de Lifou est poussé par son père à quitter son île natale, pour la capital, Nouméa. Où il trouverait de quoi financer son éventuel mariage. Par l’intermédiaire du prêtre de la tribu, Prospère réussit à obtenir un emploi en tant que bagagiste à la Gare ferroviaire de Nouméa. Il rencontre alors Mr Latoi, un blanc qui était le chef de Gare ainsi que Benji, sa fille, dont il tombe éperdument amoureux. Confronté à tous, l’amour plus fort que les mœurs engageait les deux amoureux sur des folies qui n’étaient pas guère appéciées.
Survivor
Réalisation : Jean-Yan Bubois
Durée : 14 min
Avec : Aïdan Babois, Bruno Roïatti
Synopsis : Un homme se retrouve seul sur une île déserte. Il va faire une rencontre qui va changer sa vie.
9 COURTS DIFFUSES
Apparition par ordre de diffusion
Tous coupables
Prix nouvelle calédonie 1ère du Meilleur court-métrage
Prix de l’Agence du court métrage
Durée : 34 min
Neuf grains
Prix d’interprétation Les Nouvelles Calédoniennes - Jean-David Waheo pour « Neuf-Grains » de Benjamin De Los Santos
Durée : 9 min
Une maison
Durée : 23 min
Je ne pleurerai plus
Prix spécial du Jury province Sud
Prix technique Aline Marteaud-Da Silva
Durée : 11 min
La liste de mes amis
Durée : 13 min
Epiphytes
Durée : 17 min
No hell
Durée : 15 min
Les prémices des tabous brisés
Durée : 18 min
Survivor
Durée : 14 min
"Tous coupables", un film noir qui raconte l’histoire d’une famille broussarde dont l’enfant va être enlevé... Ces 30 minutes ancrées dans le pays avec de superbes images, ont séduit le jury du court-métrage. Le film a été écrit et réalisé en quelques mois. Rencontre.
D’où vous est venue l’idée d’un scénario sur le rapt d’enfants ?
LH: Je souhaitais continuer à explorer la même veine dramatique que celle de mon précédent film (Réciprocité) et rester dans l'univers du polar intimiste.
Plus que l'acte criminel, c'est le traumatisme qu'il génère chez les personnages que je souhaitais développer.
Est-ce que le fait d’avoir gagner le prix du jury du festival de la Foa l’année dernière vous a motivé pour 2016 ?
LH: L'équipe du festival du cinéma de La Foa fait un travail fantastique, car il permet à nos films d'exister en les diffusant. Je les remercie une nouvelle fois pour leur soutien au cinéma calédonien.
Gagner le prix du jury en 2015 pour Réciprocité a en effet constitué un bel encouragement pour réaliser un meilleur film l'année suivante.
Avez-vous fait des études dans le cinéma ?
LH: Non. Je suis un autodidacte et j'ai la chance de travailler avec des professionnels qui partagent leur savoir-faire.
Qu’est-ce qui vous passionne dans le Cinéma ?
LH: Je suis avant tout un spectateur. Ecrire, réaliser et produire un film, c'est l'aboutissement de ma passion de spectateur. C'est aussi le plaisir de travailler avec une équipe, qui s'engage à vos côtés pour faire de votre vision une réalité.
Dans les deux films présentés au « Festival de la Foa » vous explorez l’univers de la justice au travers du viol pour le premier, et du kidnapping d’enfants pour le second, quelles sont vos motivations ?
LH: Ma première motivation est de réaliser un bon film. Un film, qui soit en accord avec ce que j'ai imaginé et si possible, qui interpelle les spectateurs. Bien sûr, chacun a ses thèmes de prédilection, sa manière d'interroger ses contemporains, avec plus ou moins de douceur...
Comment vous vienne les idées de scénario ?
LH: L'écriture d'un scénario est un exercice de longue haleine. En ce qui me concerne, l'inspiration originelle vient le plus souvent d'une scène ou d'un dialogue que j'ai en tête et que je laisse mûrir peu à peu.
« Réciprocité » était une auto-production, avez-vous bénéficier d’une aide sur « Tous coupables » ?
LH: Tous Coupables a été majoritairement produit sur fonds propres, mais a bénéficié de deux subventions. Je remercie le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la Province Sud pour leur confiance et leur soutien financier.
Pourquoi votre société de production s’appelle « la perruque » ?
LH: Je garde les détails pour moi, mais c'est un symbole. Une manière de déguiser la vérité.
La Nouvelle-Calédonie regorge-t-elle de talents cinématographiques ?
LH: Le niveau général des productions calédoniennes s'est nettement amélioré en quelques années, mais il nous reste encore beaucoup de travail pour produire régulièrement des films aux standards internationaux et les diffuser en dehors de nos frontières. Un groupe de producteurs, dont je fais partie, a créé l'Association Calédonienne des Producteurs de Fiction (ACPF) en 2015 pour structurer notre secteur et favoriser l'émergence d'une véritable filière cinématographique locale. Le fonds d'aide à l'audiovisuel, voté par le Congrès en août 2016, devrait bientôt permettre de sécuriser le financement de nos films en combinant subventions locales et métropolitaines via une convention avec le CNC. Les talents calédoniens vont enfin pouvoir s'exprimer dans de bonnes conditions !
Vous avez été remarqué par Fabrice Marquat, programmateur au sein de l’Agence du court-métrage à Paris, qu’est-ce qu’il vous a proposé ?
LH: Tous Coupables a reçu le prix de l'Agence du court-métrage, qui comprend un abonnement d'un an au magazine Bref, 50 timbres numériques pour candidater aux festivals de courts-métrages et une inscription du film au catalogue de l'Agence. Tout cela devrait faciliter la diffusion de Tous Coupables en métropole et faire ainsi mieux connaître le cinéma calédonien.
Lola Nicolettos c’est la jeunesse incarnée, la vie devant elle et des projets plein la tête. Une tête bien faite, et des projets qui suivent. Coup de projecteur sur une étoile filante.
Racontez nous l’histoire de votre film « la liste de mes envies » d’abord un projet, qui avait remporté en 2015 le concours « courts contre la montre » doté d’une aide à l’écriture et au développement
"La liste de mes amis" (mais je l'avoue, j'avais pensé à "la liste de mes envies", qui est une pièce de théâtre qui avait été jouée au théâtre de l'ile) raconte l'histoire de ces jeunes qui quittent notre petite île pour tenter leurs études en métropole. On est propulsé hors de tout ce que l'on connait, sans ces amis ni sa famille, et il faut se reconstruire avec un autre monde.
Un des personnages, Sylvaine, va recevoir ses résultats de prépa, et tous ses amis sont là pour la soutenir. Mais cette soirée là, derrière les fous rires habituels, on sent une pointe d'amertume, comme si toute la petite bande avait conscience que le départ de Sylvaine n'est que le début de la fin, et l'entrée dans la vie adulte.
Y-aura-t-il un numéro 2, genre la suite en métropole ?
Oui, mais cette fois, sous la forme d'un dessin animé (typé un peu comme "le garçon et le monde"), avec une jeune femme, encombrée de sa grosse valise et de sa guitare, qui se retrouve dans son nouvel appartement désespérément blanc... Mais ça sera pour l'année prochaine ;)
L’année dernière à cette même époque vous veniez de passer votre bac L avec mention très bien, où en êtes vous aujourd’hui ?
Aujourd'hui, j'en suis à ma 2ème année de Licence Lettres à l'université. C'est plutôt un bon compromis, parce que je fais des études qui me plaisent, tout en ayant assez de temps pour moi et pour mes projets "autres".
Envisagez-vous d’approfondir vos études dans l’audiovisuel ?
Oui, mais l'idée est d'abord de finir ma licence, histoire d'avoir un bagage et de laisser un peu murir mes projets. Ensuite, je partirai en France (donc en début 2018) pour tenter des concours, comme la Fémis ou l'ENS...
Les acteurs de votre film sont jeunes et pourtant déjà professionnels, d’où viennent-ils ?
Durant ma 1ère et ma Terminale, j'ai fait du théâtre en option lourde et facultative (soit 8h de théâtre par semaine). Nous étions 7 dans ce cas là, donc un petit groupe très soudé et avec plein de rêves en tête. Tous les acteurs de "La liste de mes amis" viennent de cette promo qui a duré 2 ans, et le tournage était très relax grâce à ça !
Aujourd'hui, les deux actrices principales, qui jouaient les personnages de Sylvaine et de Francine, sont parties en France et font actuellement leurs études dans un conservatoire de théâtre de Paris !
Dans votre court, vous faîtes sans cesse un parallèle avec la machine à laver sorte de sablier, à quoi cela fait-il référence ?
Tout simplement à ce temps qui passe, comme vous l’avez dit. A la fin, la machine à laver termine son cycle et les résultats de Sylvaine arrivent. Time's up, il faut devenir adulte.
De quel réalisateur vous inspirez-vous en général ?
Xavier Dolan, sans aucune hésitation. Surtout dans les mouvements de la caméra, et le fait que le spectateur soit toujours "à fleur de peau", proche des personnages jusque dans leurs respirations. C'est l'idée que j'ai essayé de retranscrire avec la multitude de plans très serrés.
La Nouvelle-Calédonie vous inspire –t-elle ?
Oui, mais de façon détournée.
Pour moi, pour parler vraiment de la Calédonie, il faut regarder du côté de ceux qui en expérimentent les limites (avec l'obligation d'aller ailleurs pour faire nos études par exemple) et de ceux qui choisissent de rester. Dans ce pays où tout le monde part et revient sans cesse, le plus important est peut être l'idée que l'on doit se reconstruire sans ou avec certaines personnes à longueur de temps. Accepter les départs et les nouveaux venus. A ce moment de la vie qu'est l'adolescence, ce n'est pas une mince affaire.
Alors, c'est peut être du fait de mon âge, de mon expérience, mais personnellement, ce sont les jeunes de Calédonie qui m'inspirent.