Les enjeux

Tous les habitants que nous avons rencontrés dans le Queyras sont intimement liés à la nature. Par leur métier - en tant qu'agriculteur, guide de montagne ou gardiens de refuge - mais aussi pour leur plaisir. Habiter dans le Queyras, c'est adopter un mode de vie au plus proche des éléments. Le quotidien est rythmé par les humeurs du ciel, tandis que les assiettes regorgent de produits locaux et artisanaux. Les paysages changent au fil des saisons, qui sont très marquées dans ce milieu montagnard. Du matin au soir, les Queyrassins sont immergés dans des grands espaces, qui rappellent un jour les chaînes montagneuses du Népal, une autre fois les plaines enneigées de Laponie. S’ajoute à cela le mode de développement qu’a choisi le Queyras depuis les années 50. Si le tourisme lié au ski s’est bel et bien implanté dans la région, cette activité s’est construite ici à échelle humaine, dans de petites stations familiales qui ne défigurent pas le paysage. Un modèle à l’inverse d’autres vallées alpines où la montagne est la source d’une véritable industrie.

Vivre dans le Queyras est un choix : ici, il n'y a ni autoroute ni TGV. Juste une route spectaculaire qui serpente à flanc de montagne est peut-être bloquée lorsque tombe la neige. Pour les habitants de cette vallée, difficile de trouver une crèche, une école, un hôpital à portée de main. C'est à la fois le prix à payer pour vivre dans cette région et ce qui a permis de la préserver. Celles et ceux que nous rencontrons acceptent ces contraintes. Ils ont appris à vivre avec. Cela forge leur caractère de battants et l'entraide dont ils font preuve avec leurs voisins.

Depuis toujours, le Queyras abrite éleveurs de vaches, chèvres et brebis, mais aussi des agriculteurs, des maraîchers et des producteurs de fromage. Les parcelles sont étroites et les alpages abrupts. Les vaches de Fifi paissent par exemple à plus de 2000m d'altitude. Outre le travail de la terre, l'activité touristique s'est fortement développée à partir des années 1960 mais les stations sont restées à taille humaine. Aussi, nombre d'habitants doivent multiplier les activités pour vivre dans cet écrin de nature. La plupart des habitants endossent plusieurs casquettes selon les saisons : berger et moniteur de ski, fromager et guide de haute-montagne, éleveur et moniteur de snowboard, ou encore gardien de refuge et guide touristique. Le fait de multiplier les métiers  a permis à de nombreuses familles de pouvoir rester dans les vallées.

Parc naturel régional, le Queyras est un écrin de biodiversité unique en France, où cohabitent une trentaine de sommets à plus de 3000 m de haut, lacs d'altitude aux eaux turquoise, rivières agitées et alpages fleuris. Quand on s'élance sur les sentiers du massif du Mont Viso en été, on croise chamois, bouquetins et marmottes. L'hiver venu, une randonnée à ski autour du Lac Miroir nous plonge dans des paysages vertigineux, parmi les plus beaux de France. Tout au long de l'année, les gardiens du Parc sensibilisent les visiteurs à la préservation de cet environnement exceptionnel, pour que l'homme et l'animal cohabitent de manière la plus harmonieuse possible.