Il fait nuit noire quand Axel quitte sa résidence étudiante de Brest. Le jeune Saint-Pierrais de 29 ans, chapeau de cow-boy vissé sur la tête – ce qui lui vaut le surnom de « Hacala Jones » - a tout du personnage de fiction. Barbe mal taillée, yeux perçants. Il roule direction Brière, une région de tourbières en Bretagne. Là-bas, le jeune scientifique va tester une toute nouvelle méthode de travail. Un essai – s’il fonctionne – risque d’en apprendre beaucoup sur l’écosystème des tourbières de Saint-Pierre et Miquelon.

Axel Hacala a entrepris un doctorat sur le thème de la dynamique des tourbières à travers les arthropodes (araignées et carabes) après déjà dix ans d’étude en biologie. Il va donc entreprendre un corottage au sein de cette tourbière bretonne pour évaluer l’évolution de ces insectes à travers les âges. Le protocole d’extraction ainsi mis en place, le doctorant poursuivra son étude à St-Pierre et Miquelon. Cette méthode exploratoire inédite et avant-gardiste de paléoécologie devrait permettre de livrer de précieuses informations sur l’évolution des insectes dans cette région boréale touchée de plein fouet par le réchauffement climatique.

Au-delà, Axel vulgarisera le mécanisme écologique de la tourbière, plutôt méconnu. C’est un milieu constamment gorgé d’eau et pauvre en oxygène et en éléments nutritifs. Dans ce milieu, la décomposition des plantes est ralentie ainsi les végétaux s’accumulent lentement pour former la tourbe. Cette matière renferme bien des secrets dont les insectes d’il y a plusieurs milliers d’années. Leur ADN est une source d’informations exceptionnelles que le docteur Hacala va tenter de déchiffrer.

Enfin, autour du suivi de l’étude cet été et en début d’automne 2021, Xavier Gasselin raconte la tourbière dans son aspect plus sociétal. Ce paysage omni présent sur l’archipel doit être protégé. Au-delà de la banalité d’un habitat typique, il faut faire ressortir l’exceptionnel. Axel est la porte d’entrée vers d’autres naturalistes, scientifiques, historiens pour évoquer ce paysage et ces différentes caractéristiques (tel que la cueillette de baies boréales inféodées au milieu de tourbières). Du scientifique donc mais du concret aussi.

Enfin, le film se termine par les conclusions de la recherche scientifique d’Axel mais aussi et surtout par le projet que notre homme des tourbières a mis en place, à travers ce doctorat, pour revenir sur son archipel.