Les auteurs, mais aussi les comédiens et le réalisateur ont eu également l’opportunité exceptionnelle de rencontrer directement celles et ceux dont on raconte l’histoire au cœur même de leurs unités, afin de conserver cette notion centrale d’authenticité, qui fait la force de la série.

« J’ai soumis un premier pitch aux responsables du Commandement des opérations spéciales (COS) pour les faire réagir. Ils nous ont fait part de leurs réserves sur certains aspects de l’histoire, non pas parce qu’ils touchaient au secret défense, mais parce qu’ils ne correspondaient pas à l’état d’esprit des forces spéciales, que nous ne voulions à aucun moment trahir », raconte Gilles de Verdière, le producteur de la série.

Aux comédiens ensuite d’y donner littéralement corps, lors d’un stage d’immersion au sein d’un régiment des forces spéciales où ils ont suivi le même entraînement intensif que les membres d’un commando. Nicolas Duvauchelle s’y est refait une santé. « Ça a été extrêmement physique, du matin très tôt à faire des tractions en salle, des footings aux marches de nuit. Tout est au service d’une hygiène de vie irréprochable. J’ai dû boire deux bières en cinq mois, ce qui reste un exploit pour moi (rires) mais ça m’a plié à une discipline nécessaire : une fois que le corps est là, la tête suit. »

Une stratégie primordiale pour Marie Dompnier : « Pour jouer ce genre de rôle, il était essentiel d’être physiquement crédible, d’où un entraînement en conditions réelles. Mais ce stage d’immersion a aussi nourri une part psychologique : rencontrer les forces spéciales, c’est aussi se rendre compte qu’ils sont au contact d’une violence inouïe, connaissent le côté obscur du monde, qu’ils doivent contrecarrer par des décisions mesurées. C’est quasiment leur ADN : être à la fois dans l’action la plus physique et la réaction intellectuelle la plus intense. »

L’immersion dans le quotidien du régiment avait aussi pour but de faire émerger la part d’intimité des personnages, fondamentale dans Cœurs noirs. Retranscrire les moments du quotidien hors combats permet de montrer un autre aspect méconnu de ces femmes et de ces hommes dans la difficulté d’exercer ce métier extraordinaire. Dans la solidarité, la générosité, la discrétion, la pudeur et l'humilité qui les caractérisent.

Les comédiens ont aussi rencontré des femmes de militaires qui ont raconté ce qu’elles vivaient pendant que leurs conjoints étaient en mission, parfois sur de très longues périodes. Nicolas Duvauchelle explique : « Savoir comment elles géraient à domicile l’absence envers les enfants et leur couple nous les ont rendu aussi fortes que les hommes. Avoir accès à ce vécu a été aussi touchant qu’enrichissant. »