Caledoun
Documentaire

Caledoun

Dans l'histoire du Maghreb et de sa colonisation par la France, le mot « Caledoun » résonne avec le tragique de l'exil forcé. Nombreux furent les hommes, condamnés politiques ou de droit commun, à avoir été arrachés à leurs familles et à leur terre natale pour être envoyés au bagne, en Nouvelle-Calédonie, sans espoir de retour. Le film retrace leur destin aux antipodes, entre souffrance, misère et résilience. Ceux qui ont survécu ont fait souche sur le Caillou, et leurs descendants d'aujourd'hui se souviennent avec émotion, à la fois résolument calédoniens et fiers de leurs origines.

De 1864 à 1898, c'est au bagne colonial de Nouvelle-Calédonie, surnommé « La Nouvelle », à plus de 16 000 km de l'Hexagone, que la justice coloniale française a condamné à l'exil, aux travaux forcés ou à la relégation plus de 2 000 Maghrébins.

Surnommé « Caledoun » par les anciens, plusieurs milliers de bagnards, en très grande majorité des Algériens, débarquent ainsi à Bourail ou encore sur l'île Nou, dépôt central du bagne, après plusieurs mois de mer. Condamnés politiques ou de droit commun, ces hommes pensent purger leur peine et revenir rapidement au pays. Mais les années passent, la désillusion s'installe et l'État français brise tout espoir de retour.

À l'île des Pins, la 5e commune a pour surnom « le camp des Arabes ». La plupart des exilés sont des déportés politiques de Kabylie condamnés à l'exil pour 7 ou 8 ans, issus de familles nobles dont les terres ont été spoliées par les colons. Proche des communards, leur entente leur permet de garder espoir quant à un éventuel voyage retour sur leur terre d'origine. À l'inverse, les relations avec la communauté kanak se créent dans la violence. Lors de la grande révolte kanak de 1878, les déportés politiques maghrébins s'associent au gouverneur et proposent leur aide en échange d'une promesse de réduction de peine de l'administration coloniale française. 

Si les déportés politiques peuvent éventuellement rentrer un jour dans leur pays, les transportés de droit commun vivent l'horreur et n'ont aucune chance de retour. Beaucoup décèdent dans les mines, et les réfractaires sont envoyés au camp Brun, véritable camp de la mort.

À cette époque, l'administration coloniale française a pour projet de créer des colonies de peuplement en Nouvelle-Calédonie. Les condamnés maghrébins passent rapidement du statut de colonisés d'Algérie à celui de colonisateurs en Nouvelle-Calédonie. Pour mener à bien son objectif, l'administration pénitentiaire favorise le mariage entre les bagnards maghrébins et des filles de colons libres, de travailleurs asiatiques ou, dans certains cas, des condamnées françaises venues spécialement de l'Hexagone.

Au fil des années, la vie s'organise sur le territoire. Une fois libérés, les ex-bagnards se voient confier des concessions à cultiver. L'administration coloniale française tente d'éliminer les différences qui existent et d'effacer les origines spécifiques des uns et des autres, notamment sur les plans religieux et linguistiques, empêchant toute transmission entre générations. La plupart des déportés kabyles restent en Nouvelle-Calédonie et s'installent dans la vallée de Nessadiou, à Bourail, ou encore à Nouméa. Les conditions de vie pour les premières générations y sont extrêmement difficiles, beaucoup d'enfants vivent dans la misère. 

Aujourd'hui, les nouvelles générations se revendiquent calédoniennes. Ils sont fermiers, chauffeurs de taxi, éleveurs de chevaux ou de moutons, universitaires… et fiers de leurs ancêtres. Les traces les plus visibles de leur présence sont les noms et prénoms donnés en héritage, le cimetière musulman de Nessadiou créé en 1896, un centre religieux et un croissant sur les armoiries de la ville de Bourail. La dernière personne déportée originaires du Maghreb est décédé en 1968. Cette mémoire est toujours vivante en « Caledoun », ravivée par des voyages émouvants sur la terre des ancêtres, ces « déracinés » de l'Algérie.

52 min

Réalisation
Fabien Dubedout
Nicolas Jallot

Ecriture
Emmanuel Roy
Nicolas Jallot
Fabien Dubedout

Production
Enfant Sauvage Productions

Coproduction
Day for Night
Archipel Production
France Télévisions

Directeur des contenus
du pôle Outre-mer
Laurent Corteel

Directeur adjoint des contenus, en charge des magazines et des documentaires
Sophiane Tilikete

Directrice adjointe des contenus, en charge de la visibilité des programmes Outre-mer
Christelle Lefrançois

Responsable de programmes
Gabrielle Lorne

2023

Caledoun
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