La prostitution est un sujet que l’on préfère taire en Martinique. Exercée en majorité par des migrantes venues du Venezuela, de Haïti ou encore de République dominicaine, cette activité est un recours ultime pour ces femmes qui ont fui la pauvreté et les violences de leur pays. Elles croyaient trouver un avenir meilleur à Fort-de-France, mais la réalité des rues de Terres-Sainville est tout autre... Pour leur venir en aide, des organisations humanitaires agissent dans l’ombre et accompagnent ces survivantes vers le chemin de la réinsertion et de la dignité.
Au cœur de Fort-de-France, le quartier des Terres-Sainville concentre une forte population migrante à très bas revenus, principalement originaire des îles voisines, à commencer par la République dominicaine, Haïti, Sainte-Lucie, ou du Venezuela et de Colombie. Ces immigrés souffrent d’un habitat vieillissant et insalubre, d’un manque de services et de commerces, et font face quotidiennement à la violence et aux trafics en tout genre. De nombreuses femmes, ayant fui la pauvreté pour « un avenir meilleur » en Martinique, finissent par s’y prostituer pour survivre. Les raisons de l'exercice de cette activité sont souvent économiques, liées aux difficiles conditions de vie dans leur pays d'origine.
Les Martiniquais et les Martiniquaises, ainsi que leurs administrations, ont tendance à établir un lien entre migrantes hispanophones et prostituées, stigmatisant encore davantage ces victimes. Souvent mères célibataires, âgées majoritairement de 30 à 47 ans, surendettées et isolées, ces femmes ont un faible niveau de français et méconnaissent leurs droits et les aides auxquelles elles pourraient prétendre.
Pour pallier le manque de dispositifs d’aides adaptées à leur situation, des citoyennes engagées au sein principalement de l’antenne martiniquaise du Mouvement du Nid et de la Croix-Rouge suivent et accompagnent ces femmes tout au long de leur parcours pour sortir de la prostitution.
« Nous sommes peu sur le territoire à nous soucier de l’avenir de ces femmes. Nous nous sommes naturellement connectées. Le Nid, en tant qu’association, accueille les femmes, leur propose des cours de français et de l’aide administrative, puis nous les redirigeons vers le programme de parcours de fin de prostitution de la Croix-Rouge. Elles choisissent d’y rentrer ou pas », explique Lavinia, déléguée départementale du Mouvement du Nid.
Face à l’augmentation des flux migratoires depuis 2020, ces deux associations ont davantage resserré leurs actions. À ce jour, elles accompagnent une cinquantaine de prostituées. Ce film suit leur engagement auprès de celles qui ont choisi d’essayer de « s’en sortir ». Un tournage en immersion qui capte au plus près le travail de l’ombre de ces structures, leurs combats contre les discriminations, l’isolement et les traumatismes, mais également leurs victoires, petites ou grandes, du quotidien. Un plongeon inédit au cœur de la prostitution en Outre-mer, un milieu encore méconnu et ignoré, où les violences faites aux femmes atteignent des chiffres de plus en plus élevés.
52 min
Auteure et réalisatrice
Sohée Monthieux
Production
Une Prod à Soi
Avec la participation de
France Télévisions
Directeur des contenus
du pôle Outre-mer
Laurent Corteel
Directeur adjoint des contenus, en charge des magazines et des documentaires
Sophiane Tilikete
Directrice adjointe des contenus, en charge de la visibilité des programmes Outre-mer
Christelle Lefrançois
Responsable de programmes
Gabrielle Lorne
2023