Enjoy !

Notes d'intention

Manuel Alduy et Morad Koufane, direction de la fiction jeunes adultes de France Télévisions 

Enjoy ! est une série coup de poing, à l’énergie saisissante, qui plonge au cœur des réalités de la France d’aujourd’hui. Dans un monde post-pandémie, où les rêves d’un « monde d’après » se sont évaporés, cette série explore avec justesse les défis auxquels est confrontée la jeune génération, face aux excès, injustices et dérives de la société de consommation et d’information en continu. 

À travers les yeux de trois personnages attachants – un livreur de repas, une stagiaire journaliste et un jeune avocat idéaliste – Enjoy ! dévoile en action les compromis parfois douloureux qu'ils doivent faire pour s'en sortir.

Ce thriller social palpitant ne laissera personne indifférent parce qu’il a été fait pour vibrer, réfléchir et se retrouver face à des réalités et des questions qui nous concernent tous.

 

Marc Dujardin et Axelle Rivière, producteurs Le Collectif 64

Enjoy ! est une série qui a pour ambition de produire une peinture fidèle de la France contemporaine. Développée dans un contexte de postpandémie, où la notion de « monde d’après » est passée de rêve à chimère, le projet vise à explorer les inégalités et les injustices d’une société de consommation devenue folle et d’une société médiatique à la recherche du buzz, au détriment de l’information.
Le monde du travail nous a semblé être l’écrin idéal pour déployer cette vision. Grâce à nos trois personnages principaux – un livreur de repas à domicile, une journaliste stagiaire dans une chaîne d’information en continu et un avocat qui se lance dans le métier –, nous explorons les compromis et les compromissions que la jeune génération est souvent contrainte de faire pour entrer dans la vie active.
Quitte à reproduire les inégalités inhérentes aux normes d’un monde de plus en plus contesté. Parce que, parfois à l’encontre de leurs propres valeurs, ils privilégient la sécurité, le confort et/ou l’argent à l’honnêteté et à l’intégrité, physique ou morale, nos jeunes personnages, tous âgés entre 20 et 30 ans, se retrouvent à perpétuer un système dont ils découvrent, épisode après épisode, le caractère discriminant et excluant.
Que ce soit Yass, notre stagiaire pigiste, qui découvre comment le discours raciste d’un présentateur-vedette colérique et dictatorial infecte les ondes, au quotidien ; Abel, jeune étudiant noir contraint de cumuler les livraisons pour épauler sa mère célibataire, intérimaire embourbée dans des missions de ménage ; Igor, avocat idéaliste qui lève le voile sur la réalité moyenâgeuse de livreurs sans-papier qui travaillent quotidiennement sans aucune sécurité ni assurance ; chacun se confronte à la dureté de la société actuelle, et le spectateur avec eux. A hauteur d’homme et de femme, nous montrons comment les idéologies les plus rances et les plus discriminantes, qu’elles soient politiques ou économiques, étouffent les espoirs d’une jeunesse volontaire qui se rêve partie prenante du tissu national, mais qu’on ramène à sa couleur de peau ou à ses origines géographiques et sociales.
Tout cela est favorisé par l’existence d’un plafond de verre qui pressurise nos protagonistes et entrave leur progression vers les postes ou les diplômes auxquels ils ou elles aspirent. Parce qu’un patron toxique ou une directrice des ressources humaines arcboutée
sur les règles de recrutement décident, par un trait de plume ou un trait d’esprit, qu’ils ou elles n’auront pas accès à leur « Graal » : pour Yass, un C.D.I., synonyme d’indépendance financière ; pour Abel, un Master 2 qui ouvrirait son avenir ; pour Igor, la possibilité de faire coïncider convictions et niveau de vie décent. La précarité demeure alors leur seul horizon, et l’ascenseur social reste bloqué.
Nos choix de casting reflètent tout naturellement cette réalité. Jean-Désiré Augnet, Camille Moutawakil et Baptiste Carrion-Weiss incarnent nos personnages avec justesse et engagement. Issus de milieux et d’origines diverses, ils représentent la diversité de la société française contemporaine, que notre série ambitionne, modestement, de mettre en scène dans ses doutes, ses défaites, mais aussi sa vitalité et ses promesses.

Benoît Marchisio et Katell Guillou, créateurs de la série

Malgré le bouleversement de notre quotidien que furent les confinements et les couvrefeux successifs, il nous semble que deux notions majeures continuent de dominer nos sociétés contemporaines.
La première est la vitesse. Dans un monde où tout est regardable, écoutable, « commandable », « commentable », partout et tout le temps, la vitesse est devenue l’alpha et l’omega de notre rapport à l’autre.
La seconde est le bruit, tout aussi omniprésent dans notre quotidien. Rien ne se passe sans qu’une voix ne tente d’être plus sonore qu’une autre ou qu’un buzz ne fasse trembler la toile ou les ondes. Dans notre désir de fiction, il nous fallait trouver une intrigue par laquelle nouer ces deux notions. Celle de Tous complices !, d’abord sous forme de roman, puis comme mini-série s’est ainsi tissée. Et pour les incarner, le monde des livreurs à vélo et celui d’une chaîne d’information en continu apparaissaient comme idéaux. Parce qu’ils doivent respecter les délais pour conserver leur place ou leurs revenus, les coursiers foncent dans des rues bondées, quitte à risquer leur vie. Parce qu’ils doivent attirer l’attention et s’imposer sur un marché de l’information saturé, les journalistes cherchent le buzz à tout prix, quitte à rogner sur leurs convictions profondes.
Ainsi liés, le bruit et la vitesse donnent naissance au risque, physique et moral, de tout perdre et de se perdre. La transposition du livre à l’écran vise à maximiser cette dynamique et à en décupler l’impact.
Grâce à l’image et au son, bien sûr, mais aussi grâce au choix du format. Des épisodes serrés reproduisent l’urgence imposée aux personnages (livraison garantie en trente minutes/course au scoop), mais aussi, grâce à leurs cliffhangers forts, poussent le spectateur à les enchainer, permettant une accélération, aujourd’hui permise non seulement par les plateformes de streaming, mais aussi par des acteurs historiques désireux de tenter l’expérience de la preview.
La structure interne de chaque épisode vise à permettre de passer d’un personnage à l’autre grâce à des transitions fluides, pour signifier que le bruit, la vitesse et le risque lient ces hommes et ces femmes, comme Enjoy!, narrativement, les enchainent les uns aux autres.
L’objectif est de les unir pour parler d’une génération qu’on décrit comme sacrifiée, ou de « génération COVID », condamnée non plus à changer le monde, mais, tout du moins dans l’immédiat, à en adopter les règles les plus difficiles pour simplement survivre.
Enjoy ! est une série tendue et actuelle, qui brasse les enjeux contemporains, un thriller social haletant en prise avec son époque.

ITW Benoît Marchisio et Katell Guillou

Sabine Safar-Barouh
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