Les héritiers de la Monique

En Nouvelle-Calédonie, La Monique est le fait de mer le plus célèbre d’un archipel qui compte plus de 250 naufrages. Les Calédoniens connaissent le mystère de la disparition, les recherches inabouties. Ils connaissent le bateau et sa silhouette et connaissent parfaitement son nom. Mais connaissent-ils les disparus ? 
Longtemps, un voile pudique, et une forme d’omerta, ont été posés sur l’histoire de La Monique et sur ses victimes. La douleur est restée au sein des familles, quand les parents acceptaient d’en parler.
Plus de soixante-dix ans après, la mémoire du drame est toujours vive chez les proches des disparus : enfants, frères et sœurs, cousins et cousines... Se souvenir est souvent une épreuve pour eux. La cicatrice ne se referme pas. Consciemment ou inconsciemment, le trauma a été transmis aux générations suivantes. 
Même si le lien persiste, la relation des petits-enfants avec cette histoire familiale est différente, plus distanciée, moins passionnelle. Que faire alors de ce lourd fardeau, de cet héritage encombrant ? Certains décident d’en parler, enfin, pour exorciser ces peines passées. D’autres transforment la douleur en œuvre artistique pour extérioriser mais aussi pour lutter contre l’oubli. Grâce aux efforts des proches des disparus, l’histoire de La Monique prend une dimension pays. Le drame est devenu un symbole de résilience et de destin partagé. Tel est le combat des « héritiers de la Monique ».