En Polynésie, des centaines d’œuvres de la période précoloniale furent collectées et dispersées à travers le monde, privant ainsi le peuple polynésien d’une partie de ses origines et de sa culture. Te Fare Iamanaha (« la maison où l’on garde les trésors »), créé en 1975, est l'unique musée polynésien qui marque une première étape pour renouer avec une mémoire ancestrale. Près de cinquante ans plus tard, le musée de Tahiti et des Îles se réinvente pour donner un nouveau sens aux collections qu’il abrite et surtout accueillir le retour de pièces majeures disséminées jusqu’alors dans les musées internationaux. À l'heure où de nombreux musées et collections privées en Europe se sont engagés à restituer des œuvres d'art à leur pays d'origine, ce film inédit revient sur la reconquête patrimoniale et identitaire émouvante de la Polynésie française.
Accompagnée de son équipe, Miriama Bono, ancienne directrice du musée de Tahiti et des Îles (2017-2023), parcourt le monde, entre Europe et Océanie, de musée en musée, en quête d'œuvres majeures et sacrées de la culture polynésienne. Les biens culturels recherchés sont destinés à enrichir les collections du musée de Tahiti et des Îles pour le transformer en un lieu vivant et dynamique qui donne sens aux collections qu'elle conserve dans ses réserves.
La démarche vise à révéler comment ces trésors oubliés font encore partie du quotidien et de l'ADN des Polynésiens. En prise avec les problématiques actuelles du territoire, ce film s'inscrit dans l'idée de redécouvrir et de rétablir l'histoire polynésienne en suivant le travail long mais nécessaire de récupération des œuvres qui font l'objet d'une restauration minutieuse, d'une réappropriation d'un point de vue légal et sociologique pour l'identité de chaque Polynésien.
Des séquences animées permettent une reconstitution du passé et apporte un éclairage sur la fonction de ces objets dans le quotidien et les rituels ancestraux des Polynésiens, par exemple le mystère autour de A’a, la statue que l’on nomme « la Joconde de l’Océanie », ou encore l'un des objets les plus prestigieux des grandes chefferies des îles de la Société : le Maro’Ura, un fragment de ceinture de plumes récemment découvert au musée du quai Branly.
52 min
Écrit par
Paul Manate
Suliane Favennec
Réalisé par
Denis Pinson
Production
Archipel Production
Avec la participation de
France Télévisions
Avec le soutien de
la Polynésie française,
du Centre National de la Cinématographie et de l’image animée, du Ministère chargé des Outre-mer et d’Air Tahiti Nui
2024
Trois experts en culture et civilisation polynésiennes éclairent le récit et le contexte rituel autour des œuvres patrimoniales. Ils évoquent l’utilité originelle des objets, la symbolique qu’ils représentent dans la cosmogonie polynésienne et leur itinéraire jusqu’à leur retour au Fenua.
- Vahi Richaud, maître de conférences en langues, littératures et cultures polynésiennes ;
- Frédéric Torrente, anthropologue spécialisé dans l’ethnohistoire, la mythologie et les religions polynésiennes ;
- Bruno Saura, professeur universitaire de civilisation polynésienne.