France Télévisions commémore les 50 ans de la promulgation de la loi Veil avec

Il suffit d’écouter les femmes

Un documentaire évènement inédit
Mardi 14 janvier 2025 à 21.05

Note d’intention d’Isabelle Foucrier, exposition du dispositif d’entretiens
 

Ce qu’ont vécu les Françaises n’est pas de l’histoire pour tout le monde, loin de là. Sous l’impulsion d’Isabelle Foucrier, productrice à l’INA, ce projet mémoriel prend racine en 2022 dans une actualité mondiale alarmante. Alors qu’une femme polonaise est morte quelques mois plus tôt d’un refus d’IVG par les autorités médicales, l'annulation de l'arrêt Roe vs Wade par la Cour Suprème américaine plonge des millions de femmes américaines dans une dangereuse détresse. C’était avant que Donald Trump ne soit réélu…

Très vite, ces inquiétudes se transforment en un constat vertigineux : en France, les derniers témoins/acteurs/victimes de l’avortement clandestin sont encore là pour témoigner à la première personne. À l’occasion du cinquantenaire de la loi Veil, ce projet souhaite combler une lacune essentielle : avons-nous vraiment écouté les femmes qui ont avorté clandestinement avant 1975 ? Un examen minutieux du fonds de l’INA le confirme : abordée par le prisme de la figure tutélaire de Simone Veil et de l’action militante, la clandestinité n’a jamais été racontée du point de vue des femmes ordinaires et de leurs entourages : les avortées, les médecins, les « faiseuses d’anges », mais aussi les maris, intermédiaires et même les policiers ou encore les magistrats.

Pour ceux qui auraient oublié, pour la jeunesse qui ne sait pas toujours, “Il suffit d’écouter les femmes…”sauvegarde avant qu’il ne soit trop tard, les scènes de la vie clandestine : le conflit sourd entre le corps qui veut et l’esprit qui ne peut pas, la quête effrénée et solitaire d’une solution, l’obsession de l’adresse et de l’argent, la honte et la peur d’être dénoncée, la fièvre et la peur de mourir, la table de cuisine, la douleur ou le soulagement, et la page qu’il faut tourner. Au-delà des mots et des postures théoriques, il est primordial de raconter concrètement ce qui rendait les femmes esclaves de leur utérus (la biologie, le père, la mère, le mari, l'Église, l’Ordre des Médecins, l’Etat, les ressources financières, etc.). Aux quatre coins de la Métropole et dans les Outremers, c’est du vécu familier que doit jaillir en creux, l’importance fondamentale de la Loi Veil.

L’INA consigne cette parole périssable pour démontrer, notamment aux jeunes générations, ce qui peut paraître comme une évidence aujourd’hui dans le seul pays où la liberté d’avorter est désormais protégée par la Constitution : le droit à disposer de son corps, la maîtrise de la nature et de la fécondité, la joie d’attendre un enfant désiré. Dans un monde où le corps des femmes reste instrumentalisé et où le droit à l’avortement demeure fragile, cette initiative s’impose comme un devoir de mémoire, apte à faire sortir l’avortement de l’« histoire de bonnes femmes », et lui faire rejoindre son vrai champ disciplinaire : l’histoire de la sexualité, de la famille, de la parentalité. En un mot l’histoire de tous.

Méthodologie des entretiens :

En plus d’un appel à témoins diffusé sur les canaux digitaux et dans les médias locaux (PQR, radios locales…) de l’Hexagone et d’Outre-mer, le projet a reposé sur le travail acharné d’un pool d’enquêtrices issues de la télévision et du documentaire. Elles ont travaillé avec leurs qualités intrinsèques pour trouver des profils variés, mais aussi créer une vraie relation de confiance avec un public âgé et fragile, afin de l’inviter à libérer une parole intime, un vécu souvent traumatique.

Pour respecter la dimension scientifique du projet (construire une matière à destination des chercheurs) et afin de casser quelques réflexes professionnels, l’équipe s’est formée au sein de l’INA au recueil de la mémoire. Florence Mazella Di Bosco, socio-anthropologue de formation,  a transmis aux enquêtrices les techniques de l’interview semi-directive, familière aux praticiens de l’histoire orale.

L’INA a ensuite organisé 79 tournages, à domicile, dans toutes les régions de Métropole et dans trois territoires d’Outre-Mer : La Guyane, la Martinique et la Guadeloupe.

 Durée 
90 minutes

Réalisée par
Sonia Gonzalez

Auteurs 
Sonia Gonzalez - Bibia Pavard

Avec la voix de
Ana Girardot

Coordination d’écriture 
Cécile Coolen

Image 
Katell Djian

Montage
Christine Marier

Compositeur
Olivier Militon

Produit par
Ina (Isabelle Foucrier)

Avec la participation de
France Télévisions

Unité documentaires société et géopolitique 
Antonio Grigolini
Julie Grivaux
Emmanuel Migeot
Hélène Frandon
Louis Castro

À voir sur
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Disponible sur
 © france.tv

 

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