Est-ce que Maryse dort ?

Née le 11 février 1937 à Pointe-à-Pitre, d'un père commerçant et d'une mère institutrice, Maryse Condé, dernière d'une fratrie de huit enfants, grandit dans une famille qu'elle décrit dans Le Cœur à rire et à pleurer (Robert Laffont, 1999) comme appartenant à la bourgeoisie noire antillaise cultivant l'arrogance et l'entre-soi. Etudiante à Paris, elle découvre l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora, l’héritage de l’esclavage et les identités noires. Dès lors, un lien passionnel et complexe la relie à ce continent où elle s'installe pendant douze ans. La Guinée, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Sénégal, sa douloureuse expérience d'une Afrique post-coloniale lui inspire ses premiers écrits. En 1976, elle publie son premier roman, Hérémakhonon (UGE, 1976), récit de sa vie en Guinée sous Sékou Touré. Suivra en 1984 Ségou (Robert Laffont, 1984-1985), un best-seller sur l’Empire bambara au XIX^e siècle au Mali. Son œuvre protéiforme, née entre l'Afrique, l'Europe, les Etats-Unis et son île natale, entremêle une dimension personnelle à l'histoire des peuples noirs. À l’instar de Frantz Fanon et d'Aimé Césaire, Maryse Condé n'a eu de cesse d'interroger les identités plurielles et l'héritage de l'esclavage et de la colonisation.

Dans ce documentaire inédit, le réalisateur Gérard Maximin célèbre le chemin de vie exceptionnel de ce monstre sacré de la littérature. Le film part sur les traces d’encre de Maryse Condé, de la Guadeloupe à l'Afrique, en passant par l'Europe et les États-Unis. Son influence est perceptible dans des univers aussi divers que le rap sénégalais, le barreau new yorkais, les lycées en région parisienne, le carnaval ou encore le street art guadeloupéens. L'écrivaine laisse aux nouvelles générations un héritage considérable, comme en témoignent les élèves du lycée Maryse-Condé à Sarcelles. Est-ce que Maryse dort ? Non Maryse ne dort pas... Elle continue à nous inspirer.