Anita Conti, l'appel du large
Documentaire

Anita Conti, l’appel du large

Première femme océanographe française, Anita Conti a fait de la mer son territoire, de la photographie son regard et de l’écriture sa voix.


Anita Conti est une femme hors du commun qui a traversé le siècle dernier, mue par trois passions : l’océan, la photo et la littérature. Elle a été tour à tour journaliste, océanographe, photographe, écrivaine, poétesse.

Dès les années 1930, elle devient une pionnière de l’océanographie. Anita a été, avant tout le monde, convaincue que l’océan devait nourrir les hommes.

Elle parcourt les océans en partageant pendant de longs mois les conditions de vie des pêcheurs, au large de l’Afrique ou du Canada, risque sa vie pour détruire les mines maritimes allemandes au tout début de la Seconde Guerre mondiale, puis participe, dans les flammes, à l’évacuation de la poche de Dunkerque.

Ses récits et ses films racontent, avec un talent peu commun, l’univers rude des marins-pêcheurs. Des mois entiers, elle a partagé leur vie, comme en 1952, lorsqu’elle a embarqué pour toute une campagne de pêche à la morue sur un chalutier parti de Fécamp.

Ses livres sont édités et toujours en bonne place dans les librairies ; des lycées portent son nom.

Raconter la vie d’Anita Conti, c’est rendre hommage à une femme libre, visionnaire et mue par une inextinguible passion océane.

 

52 min - Un film de Frédéric Brunnquell - Produit par Nathalie de Mareuil - Voix du commentaire Loïc Corbery, de la Comédie-Française - Voix de Anita Conti Julie Sicard, de la Comédie-Française - Conseiller historique Laurent Girault-Conti - Montage Matthieu Bretaud - Musique originale Mathias Duplessy - Documentaliste Mathide Bracci - Une production Compagnie des Phares et Balises - Avec la participation de France Télévisions, Centre national du cinéma et de l’image animée, La Procirep – Société des producteurs et de l’Angoa Tébéo, Tébésud et TVR - Unité documentaires France Télévisions Antonio Grigolini, Emmanuel Migeot, Louis Castro - 2025​

Note d'intention du réalisateur Frédéric Brunnquell

Anita est la première femme à embarquer seule avec les marins-pêcheurs, des mois durant, dans les mers septentrionales de Terre-Neuve, du Groenland ou du Svalbard. Son histoire est un grand récit d’émancipation. Dès ses trente ans, elle quitte son milieu et son mari pour vivre l’aventure là où personne ne l’attendait : sur les océans.

Elle est connue pour son livre Racleurs d’océans, écrit en 1953, au retour d’une campagne de cinq mois à bord d’un navire terre-neuvas parti de Fécamp. Bien sûr, avant elle, il y avait eu Pêcheurs d’Islande de Pierre Loti, ou plus récemment Le Grand Métier de Jean Recher. Mais aucun n’était parvenu à emporter le lecteur avec autant de justesse et de passion sur le pont d’un navire, en compagnie des marins.

Anita Conti a vite compris qu’en mer, on découvre une humanité expressive, sublimée par l’éloignement de la terre. Les marins, dépouillés de tout, nous racontent ce que nous sommes : nous, les humains.

À bord, ses appareils photo ne la quittent jamais. Ses images magnifiques, en noir et blanc, montrent la puissance de l’océan et l’engagement des hommes. Avec ses photographies, on embarque et l’on découvre un univers inconnu, fait de rudesse, de dangers, mais aussi de sourires à la vie.

Pendant la guerre, elle est la seule femme embarquée par la Marine nationale et chasse les mines dans les eaux dangereuses de la mer du Nord. Ensuite, ce sera l’Afrique, où elle cartographie les côtes de la Mauritanie et du Sénégal pour ouvrir des zones de pêche aux quelques chalutiers bretons et normands qui avaient pu quitter leur port d’attache avant le blocus allemand.

Anita Conti nous parle de notre rapport à l’océan, à ses abysses qui abritent des créatures si étranges qu’il est difficile de les saisir dans une juste compréhension écologique. Elle a consacré sa vie à rapprocher le terrien de cet espace minéral.

Anita et son œuvre comptent énormément pour moi. C’est en partie grâce à elle que j’ai réalisé L’Odyssée des forçats de la mer, un film documentaire de 90 minutes qui racontait la partie contemporaine de l’histoire des Terre-neuvas. Un film constitué des témoignages des derniers Terre-neuvas et de leurs archives, avec les couleurs éclatantes du Super 8.

Anita m’a ouvert la voie également pour un autre film : Hommes des tempêtes. C’était en 2018 ; j’avais embarqué à bord du plus ancien et plus grand chalutier-usine français, le Joseph Roty II. Deux mois de mer, en janvier et février, dans l’Atlantique Nord, avec un équipage de 55 hommes — une véritable aventure pour moi, le quotidien pour eux. Avant de partir, j’avais relu les livres des grands capitaines terre-neuvas et annoté furieusement Racleurs d’océans. L’expérience fut si prégnante que, deux ans après le film, j’éprouvais le besoin viscéral d’écrire Hommes des tempêtes, un récit à la première personne, comme les livres d’Anita, publié en 2021 aux éditions Grasset-Fasquelle. Moi, le plaisancier, j’approchais avec une immense satisfaction ce peuple de l’océan dont nous parle la Dame de la mer.

Plusieurs mois durant, je me suis plongé dans la vie d’Anita, pour lui rendre hommage, écrire et réaliser un film sur son parcours, témoigner de son existence hors norme, aventureuse et visionnaire.

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