Qu’est-ce qui vous a plu dans la personnalité de Roman Ketoff ?
Grégory Fitoussi : Ce que j’ai aimé, c’est sa liberté. Ketoff est un marginal, un mercenaire. Il ne doit rien à personne. Il agit en fonction de ses convictions, de ses valeurs. J’y ai vu une occasion de créer un personnage lumineux et plein de panache. Je le voulais bondissant, vif d’esprit, intelligent et joueur. Bien entendu, il y avait aussi son interaction avec le personnage qu’interprète Laura qui me plaisait beaucoup. Cette relation est pleine d’ambiguïté, de mystère, de non-dit et de respect mutuel. J’ai pour ma part une immense admiration pour le travail de Laura. C’est une actrice instinctive et intelligente. Un animal sensible. J’ai adoré jouer avec elle. Et, enfin, c’était également l’occasion de retrouver Paolo Barzman, avec lequel j’avais déjà eu le bonheur de travailler.
Pensez-vous que Roman comprend assez vite qu’Antoine et Gisèle ne font qu’un ?
G. F. : Je ne savais pas exactement à quel moment mon personnage s’en rendait compte. Tout du moins, ce n’était pas vraiment clair dans le scénario. J’ai donc très vite posé la question au réalisateur pour savoir ce qu’il en pensait. Nous en avons discuté en sachant que, quel que soit notre choix, nous devions respecter la logique de l’histoire. Je ne pouvais pas comprendre trop tôt. J’ai donc décidé très clairement, pour moi-même, à quel moment je considérais que mon personnage savait. Je trouvais intéressant qu’il y ait une vraie progression dans sa démarche mentale. C’est intérieur, mais ce sont ces choses-là qui nourrissent les scènes. Ces choix que vous faites pour votre personnage.
Auriez-vous aimé vivre à Paris dans les années 1920 ?
G. F. : J’aurais adoré ! Franchement, qui n’aurait pas aimé ? Des images que l’on peut voir aux films, aux musiques, à l’atmosphère… tout semble teinté de joie et d’insouciance. Comme si la vie reprenait dans toute sa folie après les drames de la guerre. Comme s’il fallait vivre à tout prix. Et puis ces costumes… Les gens étaient si élégants… J’adorais me balader sur le plateau et observer tous ces figurants qui donnaient vie à cette époque. Je les trouvais tous beaux !
En France, comprenez-vous que certains puissent regretter de voir disparaître la presse écrite et le journalisme de terrain tel que le pratiquait Ketoff ?
G. F. : En France comme ailleurs, la presse écrite est très différente de ce qu’elle pouvait être à l’époque. Je ne sais pas si c’est mieux ou pire. Internet est devenu incontournable et inévitable. Je pense qu’il y aura toujours de bons journalistes qui auront à cœur de faire leur travail correctement. Et puis il y aura les autres.
Quelques surprises ou souvenirs à partager de ce tournage ?
G. F. : Le vrai souvenir que je pourrais partager est cette complicité rare que nous avons eue, je crois, avec Paolo et Laura. Nous formions un trio assez joyeux ! Il y avait une sorte d’harmonie. Tout était fluide. On riait beaucoup et on travaillait bien. C’était l’été. Il faisait beau. Bref, ce tournage a été un vrai moment de bonheur pour moi.
Propos recueillis par Béatrice Dupas-Cantet