Mike Horn, explorateur
En décembre, nous avons suivi le sauvetage aux moult rebondissements de Mike Horn et de son coéquipier Borge Ousland. Ils devaient traverser la banquise arctique à ski à l’automne mais se sont retrouvés piégés. La couche de glace était trop mince, parfois inexistante. A deux reprises Mike est tombé quelques minutes dans les eaux glaciales. Epuisés, à court de vivres, les deux aventuriers ont appelé à l’aide.
Hugo Clément a assisté aux opérations de sauvetage depuis le bateau de Mike Horn en compagnie de l’une de ses filles, Jessica.
Cette éprouvante expédition nous en apprend beaucoup sur le drame climatique qui se joue aujourd’hui en arctique.
« C’est la première fois que je vivais si près de la mort.
Le changement climatique, je l’ai vu en passant à chaque centimètre sur la glace. »
Heïdi Sevestre, glaciologue
Heïdi Sevestre nous emmène au Pôle Nord pour étudier un phénomène fascinant : les glaciers qui avancent. Nous partons au bout du monde voir un glacier mythique, le glacier de la recherche, Recherchebreen, cette langue glaciaire s’est mise à bouger il y a 2 ans à cause du réchauffement climatique. Nous assistons à la fascinante métamorphose de ce glacier, il change de couleur, se tord, se crevasse.
Heidi nous explique comment cette inquiétante évolution des glaciers au pôle Nord a une influence directe sur les changements de notre climat en France.
"On a une relation assez particulière avec les glaciers : il y en a des paresseux, des dynamiques, des énervés.. et comme on retourne les voir assez régulièrement, finalement on s’y attache beaucoup. Ils deviennent un peu comme les membres de notre famille."
“C’est absolument fou, je ne reconnais pas du tout le glacier d’il y a 3 ou 4 ans.
Il a vraiment un effet boursouflé, avec des aiguilles et des crevasses, il a avancé entre 500 et 800 mètres depuis l’année dernière.”
“Plus on a un réchauffement de l’arctique, plus on peut s’attendre à avoir des événements extrêmes en Europe et en France. On parle de canicules, d’inondations, de tempêtes qui sont de plus en plus violentes et ça c’est directement lié à ce qui se passe en arctique.”
“Certains disent qu’on a perdu le combat contre le climat, c’est pas du tout le cas. C’est vraiment à nous de tout faire pour se battre pour notre environnement. Parce que si on se bat pour les glaciers, c’est certes pour les glaciers mais c’est surtout pour nous.”
Hilde Hilde Fålun Strøm et Sunniva Sorby, citoyennes engagées
Ces deux femmes exceptionnelles passent 9 mois dans une cabane de trappeur au Pôle Nord, ce sont les habitantes le plus au nord de la planète en ce moment.
Sunniva Sorby a exploré l'Antarctique pendant un quart de siècle. Hilde Fålun Strøm a passé autant de temps en Arctique. Elles ont vu les effets du changement climatique et ont décidé de mettre leur énergie au service de la science. Elles vont fournir bénévolement à la NASA des prélèvements de phytoplancton, jamais réalisés auparavant, en raison des conditions extrêmes. Ces micro-organismes souffrent des bouleversements du climat pourtant ils sont essentiels à la vie sur terre en fournissant 50% de l’oxygène que nous respirons.
Sunniva : “Je suis très émue car on est vraiment sur le fil de la vie ici et sur la ligne de front du changement climatique. Nous faisons tout cela pour défendre la vie. Et on se rend compte à quel point c’est beau.”
Hilde : “Le plus important pour nous, c’est d’arrêter d’être obnubilées par cette idée de « grande crise du changement climatique ». "Transformons ces côtés dépressifs et négatifs, en quelques chose de concret... Nous devons faire quelque chose, faisons-le maintenant, engageons-nous.”
Jesus Gomez, glaciologue péruvien
Jesus Gomez a la lourde responsabilité de protéger 30 000 personnes d’un tsunami de montagne. Le glacier au-dessus de la ville de Huaraz a tellement fondu qu’il a formé un immense lac glaciaire. Cet immense réservoir menace de se déverser brutalement dans la vallée en générant une coulée de boue qui engloutirait la ville.
Jesus Gomez surveille avec son équipe 24h/24h les fluctuations du niveau du lac glaciaire. En cas de débordement, la population ne disposerait que de 15 min. pour se mettre en lieu sûr.
« Tous ceux qui ne croient pas au changement climatique devraient venir ici, parler avec ceux qui vivent sous la menace de nos glaciers et qui dépendent de cette ressource en eau potable qui disparaît. »
Delphine Six, spécialiste de la mer de Glace
Cette glaciologue mène des études sur la mer de Glace depuis 17 ans. En prenant part à ses relevés de mesures sur le plus grand glacier français, nous réalisons à quelle vitesse il fond. Nul n’ignore que la mer de glace est menacée, beaucoup ont vu des images qui comparent la situation actuelle à celle du siècle dernier mais peu de personnes ont conscience que cette fonte s’est accélérée dramatiquement ces derniers mois.
“C’est la misère cette année. Aujourd’hui, on n’est plus à se demander si les glaciers vont disparaître : la mer de glace va disparaître d’ici la fin du siècle.
On pourra peut-être limiter avec notre comportement mais un retour en arrière, non !”
Dieter Muller, chercheur
Voici l’homme qui nous donne des raisons d’espérer. Pour lui la fonte des glaciers ne doit plus être une fatalité. Il a inventé un système écologique de canons à neige pouvant fonctionner en haute altitude. Nous avons assisté en exclusivité à ses tous premiers tests. Le principe est simple, récupérer l’eau de fonte pour la déposer sur le glacier sous forme de neige. Son invention sera mise en œuvre en grandeur réelle bientôt en Suisse. Souhaitons que les glaciers du monde entier puissent en bénéficier au plus tôt.
“C’est un trésor : c’est la seule méthode au monde pour produire de la neige sur de grandes surfaces. En 10 ou 15 ans, avec ce système, on pourra ralentir la fonte et il est même probable que les glaciers se remettent à grandir.”