"C’est en observant les tempêtes en France, les inondations, l’élévation du niveau de la mer que j’ai décidé de m’intéresser aux glaciers et en particulier à la banquise arctique. Elle nous paraît si loin alors qu’elle a un impact direct sur nos vies en influençant directement notre climat.
J’ai été très marqué par des images ces derniers mois : des ours polaires qui attaquent un village en Russie car la banquise ne s’est pas formée assez vite. Ils sont prisonniers sur la terre ferme face à un océan qui peine à geler et deviennent affamés. J’ai vu également que des habitants des Alpes, en Suisse, organisaient une cérémonie d’enterrement d’un glacier l’été dernier : il vient de disparaître sous leurs yeux.
D’autres actualités m’ont glacé le sang. Comment supporter qu’une station de ski autrichienne envoie des tractopelles sur un glacier pour le rendre skiable ? Comment accepter que certaines stations françaises déposent de la neige sur les pistes par hélicoptère afin de pallier des températures anormalement élevées ?
Lors de cette enquête, nous avons rencontré des combattants qui se mobilisent pour contrer ces dérives, des glaciologues qui s’organisent pour sauver les populations menacées et des lanceurs d’alertes (des lanceuses d’alerte d’ailleurs pour l’immense majorité) ainsi que des scientifiques porteurs des solutions innovantes pour sauver ces géants.
Nous avons aussi découvert un monde fascinant, d’une beauté renversante. Pendant le tournage, je me demandais si nos enfants pourront contempler ce que je vois aujourd’hui ?
Si ils seront en mesure d’admirer la force et la beauté brute de ces géants blancs ? Si la France sera-t-elle encore protégée par ce bouclier polaire ?
La situation est difficile, mais j’ai encore de l’espoir. Le combat n’est pas perdu. Pour certains glaciers de montagne, c’est trop tard, ils sont condamnés. En revanche, pour les calottes glaciaires du Pôle nord et de l’Antarctique, les plus importantes d’un point de vue climatique, on peut encore faire quelque chose. C’est maintenant qu’il faut agir, car les décisions prises aujourd’hui n’auront pas d’impact avant au moins dix ans. Il y a une grosse inertie dans la nature, notamment au niveau des glaciers. Même si on coupe les émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui, ils continueront à subir les effets de nos excès passés pendant un moment.
C’est pourquoi il est urgent de convaincre les responsables politiques d’agir sur le sujet."
Bio express
Hugo Clément naît le 7 octobre 1989 à Strasbourg.
Après des études de journalisme à l’ESJ de Lille, il remporte en 2012 la bourse Jean-d’Arcy et intègre le service des informations générales de France 2, où il travaille pour les journaux télévisés de la chaîne pendant trois ans. En 2015, il rejoint Le Petit Journal de Canal +, puis Quotidien sur TMC l’année suivante, pour couvrir l’actualité politique et internationale. Fin 2017, Hugo lance Konbini News, un média destiné aux jeunes sur les réseaux sociaux et réalise de nombreuses enquêtes consacrées à la crise climatique. Il fait son retour sur France Télévisions en 2019 pour présenter « Sur le front », une série documentaire sur l’environnement. Son engagement écologiste est apparu au fil des reportages réalisés depuis le début de sa carrière et s’est renforcé ces dernières années en particulier avec la parution de son livre en février 2019 “Comment j’ai arrêté de manger les animaux”. Il réunit aujourd’hui une large communauté numérique autour de lui et est actuellement le journaliste français le plus suivi sur les réseaux sociaux, près de deux millions de personnes étant abonnées à ses différents comptes.