LA GARÇONNE

Interview de Paolo Barzman

Réalisateur de la série

Paolo Barzman raconte l'aventure de la série. 

Paolo Barzman, qu’est-ce qui vous a séduit dans l’histoire de « La Garçonne » ?

Tourner à Paris ! Paris est ma ville, et le scénario la présente comme un personnage en soi. Les années 1920 englobent tant d’aspects de la culture et de la société française : les peintres, la Rotonde, les drogues, la police, la bourgeoisie… et tout cela me passionne beaucoup. 

Comment avez-vous recréé ce Paris de 1920 à l’écran ?

Au-delà des costumes et des décors, le vrai choix artistique que nous avons réalisé afin de faire revivre l’énergie de ces années fut d’aborder notre travail dans l’état d’esprit de folie, de créativité et de liberté qu’avaient les gens à cette époque.
 

Pourquoi « La Garçonne » peut-elle plaire à un public international ?

Le personnage principal, Louise, interprétée par Laura Smet, est incroyable. Elle possède un charisme contagieux et universel. Sur son chemin vers la liberté, elle nous entraîne dans des enquêtes concernant deux meurtres, tantôt dans la peau d’un homme et tantôt dans celle d’une séductrice.

Est-ce le bon moment pour raconter l’histoire de « La Garçonne » ?

Les péripéties rencontrées par Louise dans sa lutte contre les limites imposées à son sexe en 1920 nous offrent l’opportunité d’explorer cette question très actuelle. La question du « genre » est une discussion importante dans la société moderne tant sa définition fluctue et évolue. Quand Louise devient Antoine, nous ne voulions surtout pas qu’elle ait l’air trop masculine ou qu’elle ressemble à un dur. Nous souhaitions plutôt utiliser son côté féminin et ainsi éviter l’écueil d’une apparence stéréotypée d’homme.

Quelles sont les qualités de chacun des trois personnages que joue Laura Smet ?

En revenant de la guerre, Louise apprend que son père a été tué. Elle cherche une explication auprès d’un ami de celui-ci, mais il est assassiné à son tour. Dès lors, elle devient la principale suspecte de ce meurtre et, pour se cacher, elle se « déguise » avec les vêtements de son frère, Antoine. Lui a toujours rêvé d’être artiste-peintre en dépit du regard de la société. En prenant l’identité d’Antoine, Louise le libère d'un destin tout tracé, et, dans le même temps, elle se libère de sa condition de femme en devenant inspectrice, un métier interdit à la gent féminine, à l’époque.
De plus, pour infiltrer les milieux interlopes, Louise s’invente le personnage de la séduisante Gisèle. Le courage qu’elle développe pendant la journée en tant qu’homme libre renforce la confiance dont elle déborde la nuit. Chaque personnalité nourrit les autres, et Louise ne redevient presque jamais elle-même puisque Antoine et Gisèle lui offrent tellement de nouvelles expériences. 

 

Comment avez-vous traité le genre policier dans la série ?

L’élément criminel est essentiel à la série, c’est son moteur. On suit deux importantes enquêtes simultanément. Les modèles qui posent pour des peintres disparaissent et sont retrouvées mortes, tuées bizarrement, selon un rituel précis. C’est pourquoi Louise crée Gisèle afin d’enquêter dans le monde du Paris noctambule des clubs de jazz et de la scène artistique. Le scénario regorge de tours, détours, diversions et fausses pistes. Et, dès que vous pensez tenir le coupable, vous êtes démenti par une preuve contraire. 

 

Quel est l’arc scénaristique de la série et comment se conclut-elle ?

L’arc principal repose sur Antoine/Gisèle enquêtant sur deux affaires criminelles. À la fin, on apprend que les deux affaires sont liées et que le tueur est quelqu’un de la police. Après avoir résolu ces crimes, Louise doit décider de son destin. Doit-elle retourner à la vie normale et redevenir Louise ? Ou rester dans la peau d’Antoine ? Dans la scène finale, elle est toujours habillée en homme… Peut-être n’est-elle pas encore prête à abandonner tout ce qu’elle a acquis en étant Antoine. 
 

Qu’est-ce qui différencie « La Garçonne » d’autres séries ?

Nous avons été très vigilants et sélectifs sur les lieux et les décors, ainsi que sur le ton de la série, et nous avons filmé de manière très cinématographique. Mais c’est l’interprétation de ces trois personnages par Laura Smet qui rend vraiment la série originale.

 

Propos recueillis par Diane Ermel