Inédit

Rivages

 

Note d'intention de Jonathan Rio et Monica Rattazzi, créateurs de la série 

 

Rivages Au point de départ de Rivages, il y a une histoire poignante qui a fait vibrer la communauté internationale en 2018 : celle de l'orque J35, appelée Tahlequah. Après une absence de naissances répertoriées pendant trois ans au large de la Colombie Britannique, Tahlequah fait naître un second petit. La vie, cependant, lui est ôtée après une trentaine de minutes. Sous les yeux des océanologues, Tahlequah porte son corps pendant plusieurs jours, luttant pour le garder à la surface. Elle ne peut le laisser partir. C'est le premier témoignage avéré de deuil chez une orque, au-delà de tout anthropomorphisme. Épuisée, elle laisse enfin le corps de son petit sombrer dans les profondeurs après dix-sept jours d'efforts.

Plus qu'un récit maternel d'une tristesse infinie, ce qui interpelle, ce sont les implications écologiques de cette histoire. La diminution alarmante des réserves de nourriture et la pollution toxique des mers rendent la procréation presque impossible. Chaque naissance viable est un miracle. La préservation des milieux naturels est un enjeu majeur, une responsabilité globale.

Rivages aspire à explorer notre relation à la mer.

Jonathan Rio est né et a grandi à Dieppe et garde profondément ancrés en lui les rives de cette ville, ses habitants et son ambiance générale, le ressenti de ses textures, le monde des pêcheurs et son histoire.

Monica Rattazzi, quant à elle, est née et a grandi dans un port de la côte atlantique, un monde de pêcheurs où la mer fascine et inquiète à la fois. Elle a vu l’océan se vider de ses poissons, les coquillages de son enfance disparaître des plages. Une nouvelle réalité se dessiner à laquelle il va falloir faire face…

En situant notre histoire dans l'univers des marins-pêcheurs que nous connaissons tous les deux, nous souhaitons donner un aperçu de la singularité du monde de ceux qui se lèvent tôt pour trouver un trésor de plus en plus rare. Ceux qui vivent au rythme de la mer et de sa colère. Et donner à entendre leurs questions : comment préserver son travail dans un monde en mutation ? Comment réinventer sa façon de pêcher et sa consommation ? Les préoccupations des marins sont passées de la survie en mer à la survie sur terre.

Mais notre métier est celui de conteurs d’histoires. Et pour incarner la détresse face à ce monde qui change, nous avons choisi la puissance métaphorique qu’offre le genre du film fantastique : dans Rivages une anomalie dans la mer vient nous révéler que quelque chose ne va plus, qu’un danger nous menace…