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Envoyé spécial - Ginette Kolinka
“Eprouver de la haine, c’est déjà mettre un pied à Auschwitz.” Cette phrase, Ginette Kolinka la prononce depuis plus de 20 ans. Derrière ses yeux rieurs et son sourire franc, l’ombre de la barbarie nazie et l’enfer des camps de la mort. Ginette avait 19 ans lorsqu’elle est emprisonnée au camp d’Auschwitz-Birkenau. Son père, son petit frère et son neveu sont gazés dès leur arrivée, la jeune fille est envoyée au travail forcée. De cette épreuve, Ginette ne dira rien pendant près de 30 ans, se reconstruisant auprès des siens. “J’avais la chance d’être revenue, alors j’ai voulu oublier cette période, c’est tout. Je suis rentrée et je voulais vivre.” C’est dans les années 2000 qu’elle ressent le besoin de raconter son histoire. Depuis, elle ne s’est plus jamais tue et fait le tour des écoles pour témoigner.
80 ans après la libération d’Auschwitz, le 27 janvier prochain, les actes antisémites en France explosent, multipliés par quatre en seulement un an. Ginette, qui se qualifie avec malice de “jeune femme de 99 ans et demi”, continue inlassablement de sillonner la France pour transmettre, à travers son vécu de la Shoah, un message de tolérance aux jeunes générations. “Avant que ma mémoire ne foute le camp”.
Nous l'avons suivie dans son rôle de passeuse d’Histoire. D’un témoignage devant des élèves de troisième, jusqu’aux échanges avec sa propre famille, Ginette raconte pour que l’horreur ne se répète jamais.
Ce portrait est celui d’une survivante, qui s’engage pour la paix. Alors que la voix des derniers rescapés s’éteint, et face à la montée des extrêmes en France et dans le monde, il apparaît plus que jamais nécessaire de transmettre la mémoire de la Shoah et des millions de juifs assassinés dans les camps d’extermination nazis, dont Ginette Kolinka se fait la porte-voix depuis plus de 20 ans.
• Présentation Élise Lucet • Rédaction en chef Élise Lucet, Gilles Delbos, Pierre Monégier et Joel Bruandet • Reportage Laure Rodet et Céline Nourrisson – Cover Films •
13h15 le dimanche - Filles de Birkenau
Le 13 avril 1944, le convoi n°71 quitte la gare de Bobigny. Entassés dans des wagons à bestiaux, 1 500 hommes, femmes et enfants juifs sont déportés vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Ils sont pratiquement tous assassinés dès leur arrivée. Seuls 165 hommes et 91 femmes échappent à la chambre à gaz pour être soumis aux travaux forcés. Parmi eux, Ginette Kolinka (née Cherkasky), 19 ans, Marceline Loridan (née Rozenberg), 15 ans, et Simone Veil (née Jacob), 16 ans. Trois adolescentes, aux personnalités très différentes, qui, dans l’enfer concentrationnaire, se soutiennent, se font rire, se protègent. Elles nouent une amitié indéfectible dans laquelle elles puisent la force de rester en vie. Revenues de l'innommable, les "filles de Birkenau", comme elles se surnomment, vont traverser le siècle ensemble.
• Présentation Laurent Delahousse • Rédaction en chef Jean-Michel Carpentier, Laurent Delahousse et Elise Le Guevel • Réalisation Aude Rouaux, Benjamine Jeunehomme et Gaël Pouvreau •
Nous les Européens - Auschwitz : les gardiens de la mémoire
Quatre-vingts ans plus tard, Auschwitz est devenu le symbole de la Shoah et de l’extermination de près de six millions de juifs d’Europe. Comment maintenir vivante la mémoire de la Shoah auprès des nouvelles générations ? Comment lutter contre la banalisation de l’holocauste, le négationnisme ?
Les reportages
- Treblinka, la science au service de la vérité
C’est le centre de mise à mort le plus important après Auschwitz : Treblinka, à 80km de Varsovie, plus de neuf-cent-mille juifs y ont été exterminés entre juillet 1942 et novembre 1943. Une machine à tuer dont les nazis ont cherché à faire disparaître toutes les traces. Aujourd’hui, des citoyens polonais s’engagent pour identifier les victimes de l’époque. Des archéologues, des chercheurs, retrouvent de nouvelles preuves matérielles de l’activité criminelle, des chambres à gaz.
- Shoah, Pologne : des historiens pris pour cible
Dans ce pays qui compte le plus grand nombre de Justes parmi les Nations - plus de sept mille – il aura fallu attendre des décennies pour que des historiens enquêtent sur une question qui reste sensible : celle de la responsabilité ou de la co-responsabilité de Polonais dans des crimes contre les juifs, sous l’occupation nazie. Un travail contesté par les franges les plus nationalistes du pays, jusqu’à des tentatives de censure. En 2018, une loi interdisant d’imputer « à la République de Pologne ou à la nation polonaise (…) la responsabilité ou la coresponsabilité de crimes nazis » est promulguée.
Les entretiens
Au musée national et lieu de mémoire, d’Auschwitz-Birkenau, qui a reçu 1,8 million de visiteurs en 2024, entretien avec Dorota Kuczyńska, guide conférencière, et Piotr Cywiński, directeur du musée. A Cracovie, rencontre avec Jonathan Ornstein, directeur du Centre communautaire juif.
• Présentation Eléonore Gay • Rédaction en chef Jean-François Gringoire, Hervé Dhinaut et Eléonore Gay • Réalisation Christophe Obert •