Conservateur du musée de la Mine de Bruay depuis plus de trente ans, Didier Doumergue est une référence sur l’histoire du monde minier et des hommes et des femmes qui y ont travaillé. Il a apporté son expertise à France Télévisions en 2014 pour la série La vie devant elle, puis en 2017 pour le téléfilm Meurtres à Valenciennes. Cet accompagnement s’est poursuivi cet hiver sur le tournage de Germinal. Rencontre.
Comment vous êtes-vous préparé à ce projet aussi inédit qu’ambitieux ?
Tout d’abord, je tiens à remercier David Hourrègue pour la confiance qu’il m’a accordée. Dès janvier 2020, j’ai pu le rencontrer, ainsi que le directeur technique. Nous avons échangé sur ce projet d’adaptation du roman d’Émile Zola sans tabou. Ils m’ont posé des centaines de questions, notamment sur la période d’avant 1900. Nous avons évoqué les conditions de travail, la tenue vestimentaire, les outils, les éclairages, les lampes à huile à feu nu et plus tard à benzine, l’air comprimé à l’entrée des puits, etc.
Quels principaux éléments techniques avez-vous supervisé ? Certains points ont-ils nécessité une attention particulière ?
Sur ce tournage, je n’étais pas seulement intervenant technique matériel mais conseiller technique. Je traquais la moindre anomalie de matériels et l’utilisation de l’outillage, le positionnement dans les galeries et au jour (sur le carreau de la fosse). Et surtout pas de lunettes, pas de montre au poignet, pas de bijoux ou d'accessoires !
De quoi êtes-vous le plus fier ?
Plus que la fierté, c’est pour moi une reconnaissance d’un travail accompli depuis des années en tant que conservateur du musée de la Mine de Bruay.
Je suis là pour préserver la mémoire de la mine et des mineurs, des femmes de mineurs et des galibots (enfants de la mine). On ne doit jamais oublier ce métier si dur, qui a engendré tant de misères et de luttes sociales, de luttes des classes.
Je tiens à rendre hommage et remercier tous les intervenants fond et jour qui ont donné leurs vies pour extraire le charbon de terre en France depuis 270 années.
Propos recueillis par Béatrice Dupas