Des voix se sont toujours élevées contre la traite négrière et l’esclavage. D’abord, les premiers concernés, c’est-à-dire les captifs et les esclaves eux-mêmes, de par, leurs diverses actions de résistance sur les bateaux et sur terre. Ensuite, certains mzungu abolitionnistes, choqués par l’entreprise de déshumanisation imposée aux Africains, leur emboîtent le pas à partir de la fin du 18e siècle. C’est dans ce contexte que la France engage un processus d’abolition progressive de l’esclavage dans ses colonies. Ainsi, l’île de Mayotte, colonie française, bénéficie de ce tournant en 1846.
En juin 1843 la France prend officiellement possession de Mayotte, sa nouvelle colonie acquise en 1841. Durant les 3 premières années de sa colonisation, elle tolère l’esclavage des propriétaires indigènes accoutumés au servilisme depuis bien longtemps. Mais, les investissements dans l’économie sucrière et les projets de grands travaux du gouvernement vont précipiter la libération des esclavisés mahorais. En effet, Paris veut s’appuyer sur l’affranchissement des esclavisés pour se fournir en main d’œuvre indispensable à la mise en valeur de l’île.
C’est dans ce contexte précis qu’une ordonnance royale abolissant l'esclavage à Mayotte est signée le 09 décembre 1846.
Localement, le texte est promulgué le 1er juillet 1847. La nouvelle de la libération des esclaves est accueillie avec stupeur par les maîtres. Ils dénoncent un passage en force qui leur prive de leurs ressources. Aussi, ils n’acceptent pas l’idée que les affranchis puissent être leurs égaux en droit. Quant aux nouveaux affranchis, ils sont effarouchés par l’obligation de travail qui leur est imposée à l’issue de leur rachat.
Le comité de recensement et de rachat des anciens esclaves se réunit pour la première fois le 15 juillet 1847. Il dispose pour accomplir sa mission d’un montant de 461.000 francs. La valeur des personnes réduites en esclavage est fixée comme suite :
Pour les enfants jusqu'à 15 ans sans distinction de sexe 100 F
Pour les hommes valides, de 15 à 50 ans 200 F
Pour les femmes de la même catégorie 150 F
Pour les individus des deux sexes au-dessus de 50 ans, infirmes, invalides 75 F
Durant 6 heures par jour, le comité voit défiler les maîtres désireux de recevoir une indemnité en contrepartie de la libération de leurs esclaves.
Le 31 août 1847, le comité clôt ses travaux. Le bilan numérique se présente comme suite :
Esclaves ayant déclaré suivre leurs maîtres 1253
Esclaves présentés pour indemnité
- Enfants 135
- Hommes 333
- Femmes 156
Vieillards, infirmes, etc 122
Au total, 2322 esclaves sont présentés à la commission. La majorité déclare vouloir suivre leur maître soit 1253 personnes. 1069 individus sont affranchis. On constate que le nombre d’émigrants est supérieur à celui des affranchis. Dès lors, on craint une île vidée de sa population. Mais en réalité, l’émigration massive crainte par l’administration n’a pas eu lieu.
Présentation
Inssa De Nguizijou
Réalisation
Mayotte la 1ère
Durée
6 minutes
Année
2023