Le mot engagisme fait référence à l’émigration de travailleurs dans les colonies européennes. Le système engagiste repose sur la signature d’un contrat de travail entre un engagiste (employeur) et un engagé (salarié). En un échange d’un salaire, des hommes, des femmes et même des enfants signent des contrats d’engagement pour travailler dans les champs de canne à sucre et les usines sucrières. Certains sont directement recrutés par l’administration coloniale pour ses propres besoins. En retour du travail fourni, les engagistes doivent payer les salaires, nourrir et loger les travailleurs, et
Le 09 décembre 1846 une ordonnance royale abolit l’esclavage à Mayotte. C’est le point de départ de l’engagisme. En effet, avec la libération réelle des esclaves en juillet 1847, des travailleurs sont amenés dans notre île. Ils sont destinés à répondre au manque de bras. Les planteurs et l’administration coloniale sont les principaux employeurs de la colonie.
Beaucoup de ces hommes, femmes et enfants débarqués à Mayotte se sont engagés de force ou par tromperie.
La durée d’engagement est limitée à 4 ans renouvelables.
Les travailleurs engagés viennent de différents endroits de notre région. Ils sont recrutés notamment depuis les côtes de l’Afrique orientale, les îles d’Anjouan, de Grande-Comore, de Mohéli et de Madagascar. Quelques-uns sont, même, arrivés d’Inde.
À Mayotte, l’immense majorité des engagés est originaire du continent africain. La colonie portugaise du Mozambique est la principale fournisseuse de travailleurs. Madagascar arrive en deuxième position devant Anjouan, Grande-Comore et Mohéli. Sur le plan ethnique, les Makuwa sont les plus appréciés de tous les travailleurs présents à Mayotte.
À noter que la migration des engagés indiens à Mayotte n’a pas eu le même succès qu’à l’île Maurice et La Réunion.
La vie d’un engagé est entre les mains de son employeur. Celui-ci doit, en théorie, payer, nourrir, loger et soigner ses employés. En réalité, beaucoup de colons ne restent pas leurs engagements. L’alimentation n’est pas suffisante et n’est pas de bonne qualité. Les salaires sont soit payés avec beaucoup de retards ou pas du tout.
A cela, s’ajoute des conditions de travail difficiles. Les rythmes de travail sont insupportables. Le travail commence au lever jusqu’au coucher du soleil. La pause journalière de midi (2h30) et le repos de dimanche ne sont pas respectés par les planteurs. Enfin, les engagés font face à des humiliations à des violences.
Tous ces abus encouragent les révoltes, les grèves et le marronnage des travailleurs engagés.
Durant la période de l’engagisme, la population mahoraise augmente. Par la même occasion, elle se diversifie avec des personnes en provenance des îles voisines, de La Réunion, de l’île Maurice et d’Europe.
Travailleurs engagés |
Effectifs en 1852 |
Effectifs en 1866 |
Africains |
2 193 |
3 476 |
Malgaches |
1 780 |
1 682 |
Mahorais |
1 196 |
4 673 |
3 îles Comores |
1 593 |
4 261 |
Divers |
124 |
64 |
Total |
6 886 |
14 156 |
Avec l’engagisme est-ce que l’émancipation a-t-elle eu lieu ?
Les frontières sont poreuses entre l’esclavagisme de plantation et l’engagisme.
Présentation
Inssa De Nguizijou
Réalisation
Mayotte la 1ère
Durée
6 minutes
Année
2023